L’imposture New-Age - 2/ Le nouvel âge n’arrivera jamais
C’est un titre bien présomptueux, hein ? Oui, il faut savoir frapper les esprits, de temps en temps. J’ai déjà tenté d’expliquer en quoi l’idéologie new-age se situe exactement sur le même plan que l’idéologie libérale, en prônant le même positivisme à la mode. Je vais aller plus loin en tentant de vous expliquer en quoi le new-age est une idéologie irréaliste et irresponsable, tout comme le libéralisme d’ailleurs, et qui ne risque pas d’aboutir à quelque chose de réellement positif un jour.
Cela tient essentiellement dans son côté « bisounours » très prononcé, qui fait de cette idéologie une idéologie adolescente, c'est-à-dire immature. Les éléments abondent en ce sens, et pour vous le démontrer, je vais continuer à saisir des points dans la conférence de notre fameuse « gardienne de la sagesse », qui tire son titre d’on ne sait où…
Dans sa vidéo, Kiesha nous informe que le paradis va arriver sur Terre, et que c’est en train de se passer. Elle nous informe également que nous avons, « dans le ciel », à la fois dans l’espace et dans l’autre monde, des êtres qui vont arriver sur Terre, cette année, et venir nous débarrasser de tous nos problèmes. Ils feront avancer la science, améliorerons notre espérance de vie, résoudrons nos problèmes écologiques…
Tout cela est parfait, et 2010 sera en effet une grande année, comme Kiesha nous l’annonce, car après que tout cela ne se soit absolument pas réalisé, au contraire de ce qu’elle annonce, nous aurons encore plus d’arguments solides pour contrer ce genre de foutaises. Excusez-moi, je suis ouvert à beaucoup de choses, mais il y a quand même des choses dont on peut être à peu près certain qu’elles n’arriveront pas, ne serait-ce que parce qu’on nous les a promis un tel nombre de fois sans qu’elles se produisent, que l’on finit par s’assurer définitivement qu’il s’agit d’un mensonge et de fausses promesses.
De plus, il est totalement irresponsable de propager de telles nouvelles et de tels faux espoirs. Mais comme selon Kiesha, la responsabilité incombe aux ancêtres qui lui apporteraient la « Vérité » dans ses visions, alors il est certain qu’elle ne se sent responsable de rien, c’est commode.
Faire croire aux gens que les eaux seront nettoyées de toute pollution par la magie des ancêtres ou des extra-terrestres qui veillent sur nous est d’une puérilité et d’une imbécillité à toute épreuve. Cela ne fait qu’encourager les gens à se comporter toujours en irresponsables puisque de toute façon, à l’instar de certaines grandes religions, on leur promet littéralement que toutes leurs fautes seront lavées… De plus, se complaire dans une croyance qui consiste à placer au-dessus de nous des êtres qui savent tout mieux que nous, et viendront nous sauver de toutes nos erreurs démontre incontestablement l’aspect infantile et rétrograde de ces croyances.
Comment ça, je ne respecte pas les croyances des autres ? Si ! Je les respecte du moment qu’elles ne mettent pas la planète et la vie en danger, et qu’elles ne déresponsabilisent pas les gens des conséquences de leurs actes, mais il y a des limites à ne pas dépasser, il ne faut pas pousser mémé dans les orties !
De plus, cette infantilisation se retrouve dans d’autres points, renforçant encore mes premières observations. D’un côté Kiesha nous affirme que chacun de nous est un Dieu tout-puissant sur le monde (sans nous le démontrer, ce qui tend à prouver qu’il ne s’agit que d’une croyance similaire au sentiment de toute-puissance que tous les enfants éprouvent à certains moments de leur développement), et d’un autre, elle nous dit que d’Ethiopie resurgiront bientôt les anciennes lois pour les êtres humains, alors que dans le même temps, elle nous a bien dit que les lois ne sont qu’humaines, et ne valent rien de plus que cela, et qu’à la limite, elles nous empêchent d’accéder à l’amour qui est en nous. Tout ceci est tellement contradictoire… comment peut-on encore prétendre y trouver du sens ?
L’idéalisation
et la perversion des religions premières et des peuples premiers
C’est un point capital de l’idéologie new-age que de prétendre à la renaissance des religions premières et à leur essence, alors que cette idéologie procède à un vulgaire recyclage promotionnel pour son propre intérêt, c'est-à-dire pour donner plus de poids à son propre discours.
Le plus grave est que ces gens finissent par faire croire à certains peuples indigènes en manque de reconnaissance, comme les amérindiens du nord, des choses fausses sur leurs propres cultures, contribuant activement à la perversion de ces peuples et de leurs spiritualités. En ce sens, je le dis nettement, le new-age participe à l’acculturation et au génocide culturel de ces peuples. C’est une accusation grave, que le format de blog ne me permet pas de développer plus que cela dans cet article, mais croyez-moi, je la maintiens ! Cela pourra éventuellement faire l’objet d’un article séparé.
De plus, cette récupération des cultes indigènes conduit à une idée fausse, celle que si l’on s’inspirait du mode de vie des peuples premiers, nous pourrions avoir une vie parfaitement saine, exempte de tout problème. Les peuples premiers étaient donc l’incarnation même de la perfection ? Mais même au-delà de cette question, peut-on réellement appliquer les principes de leurs modes de vie, dans un monde où la population s’est multipliée au cours des derniers siècles et essentiellement concentrée dans des villes et de hauts immeubles dotés d’eau courante et d’électricité ? Bien sûr que non… Il faut aller de l’avant et inventer les moyens qui seront compatibles dans un avenir proche avec nos modes de vie. Il faut également faire évoluer nos modes de vie dans le bon sens, certes, mais ne rêvons, nous ne retournerons pas tous dans les mesas ou dans la savane. Et si nous le faisons, nous en ravagerons les écosystèmes, car nous sommes trop nombreux de toute façon.
Voici un article qui fournit quelques arguments supplémentaires sur ce point :
J’en cite un passage :
« Torben Rick, un archéologue du Smithsonian Institute de Washington (…) cite à l'appui de son affirmation de nombreux exemples de modification volontaire ou non de l'environnement par les populations de la préhistoire : les aborigènes d'Australie ont brûlé des quantités considérables de terres pour se rendre la chasse plus facile ; les indigènes, qui vivaient sur les côtes de Californie il y a des millions d'années, mangeaient des abalones et jetaient en masse les coquilles, ce qui a provoqué la création et l'immobilisation de dunes ; au nord-ouest du Pacifique, à la même époque, les populations locales construisaient des sortes de murs en eau peu profonde qui permettaient une prolifération des palourdes dont ils se nourrissaient.
Déjà, certaines de ces pratiques provoquaient des changements
environnementaux qui étaient loin d'être anodins. Par exemple, la population
des Channel Islands au large de
la Californie
a massacré les otaries qui étaient leurs concurrentes dans la pêche à l'oursin ; ceux-ci se sont alors multipliés en dévorant les varechs et en rendant le fond marin stérile. »
Je vous encourage à aller lire et commencer à abandonner certaines idées reçues sur les peuples premiers. La principale raison de leur faible impact négatif sur l’environnement était avant tout leur faible nombre. Leur éthique éventuelle ne vient qu’en second, et si l’on ne peut nier leur grande connaissance de la nature et leur volonté de vivre généralement en harmonie avec celle-ci, on ne peut nier non plus que l’écologie moderne permet une bien meilleure connaissance de l’imbrication des phénomènes naturels que l’empirisme primitif, même alimenté par les lumières de la pratique chamanique.
Le new-age recycle aussi le
cliché peace and love
Peace and Love, soyons honnêtes et lucides, c’est surtout un vœu pieux… Le monde, l’humain, ne seront jamais totalement pacifiques et bienveillants. Tout ce qu’on peut faire, c’est cultiver les aspects positifs sans ignorer les aspects négatifs. Le contraire serait naïveté pure. C’est pourtant exactement ce que propose le mouvement new-age, en affirmant par exemple qu’il faut fuir la négativité, et ne regarder que la positivité. Il y a du bon sens là-dedans, mais ne faut-il pas connaître son ennemi ?
Kiesha nous serine que le mental nous pousse à voir les choses en noir et blanc, en terme de bien et de mal. Elle s’empresse d’ajouter, en employant des détours de langage, que le mental est l’incarnation du mal (différence avec les accusations de satanisme, et le pêcher de mauvaise pensée ?), alors que « le cœur » incarnerait le bien, et qu’il suffit d’écouter son cœur pour ne pas se tromper. Ok, mais comment écouter son cœur, et comment savoir que c’est notre « cœur » qui nous parle, et non notre mental qui nous souffle de mauvaises idées ? Le cœur, voilà bien, comme « lumière » et « amour », un mot fourre-tout qui veut tout et rien dire, et qui de ce fait en est totalement galvaudé et pernicieux.
Quant à moi, je propose plutôt de dire qu’il faut équilibrer l’intellect et l’émotionnel pour chacune de nos décisions. J’imagine que c’est ce que voulait dire Kiesha, mais bon, elle a préféré employer les mots creux à la mode dans son milieu : le milieu new-age. De plus, lorsque Kiesha nous affirme que nous avons l’habitude de classer les choses en bien et en mal, que fait-elle de différent en les classant à son tour en positif et en négatif ? N’est-ce pas juste une autre façon de faire exactement la même chose ? Allons, arrêtons de tourner autour du pot et de jouer sur les mots : bien sûr que si, c’est la même chose ! Si ces gens arrêtaient un peu de se regarder le nombril, ils verraient qu’ils commettent exactement les travers qu’ils dénoncent : voir les choses d’une manière manichéenne, et se convaincre eux-mêmes de la véracité de leurs propres discours en usant de leur mental ! Il n’y a rien de plus mental, c'est-à-dire déconnecté du concret et du « bon » que le discours new-age, ce en quoi il a à la fois raison et tort, puisqu’en ayant raison, il se disqualifie de lui-même sans le savoir.
Une autre preuve de cela tient dans le fait que Kiesha reproche à la société de nous imposer sans cesse une façon de voir et de pensée, ce qui est rigoureusement vrai. Mais il est rigoureusement vrai que sa conférence est précisément aussi une façon d’essayer d’imposer aux gens une façon de penser et de se comporter… Où est la différence ? Kiesha prétend elle nous rendre notre libre arbitre en nous disant « il faut, il faut, il faut… », alimentant ainsi l’infantilisation de ses interlocuteurs propre à l’idéologie new-age ? Fadaises, évidemment. Mais fadaises dont elle est elle-même convaincue… Elle nous explique même comment elle fait pour ne pas tenir compte de l’avis de ceux qui lui expliqueraient qu’elle pourrait avoir tort… Comment ne pas voir là une preuve d’un discours auto-convaincant, exactement comme ceux de Ghis envers elle-même, lorsque celle-ci emploie des distorsions logiques pour arriver à démontrer la justesse de son discours ?
En conclusion, à travers sa
mentalité bisounours, et un flux incontinent de mots creux (franchement, au
bout d’1h15, le discours de Kiesha commence à prendre la tournure d’un
véritable lavage de cerveau), le mouvement new-age se berce d’illusions
confortables, dont le but n’est que de stopper la peur. La peur qui est
elle-même la matrice même de cette idéologie, comme on peut le voir à travers
les idées illusoires d’arrêt de la souffrance et de disparition magique de tous
les problèmes de
la Terre.
Dans le prochain article, je parlerai plus en détail de l’individualisme qui est propre à l’idéologie new-age, et qui alimente le sentiment de toute puissance infantile dont j’ai déjà parlé ici.