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L'Oeil du Selen
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9 avril 2016

Esprit critique et modernité : lorsque le mouton médiocre se plaint que le loup prend toute la place qu'il lui a laissé occuper

Je le constate chaque jour autour de moi, à notre époque, l'esprit critique est très encadré. Il est borné par toutes sortes de garde-fou, et une auto-censure souvent féroce s'impose d'elle-même. C'est que nous avons tous été dressés à reconnaître, accepter et valoriser toutes sortes de stéréotypes, et qu'il est aisé de tomber dans différents pièges, juste pour éviter d'être rejeté. Notre dressage, peu différent de ce que nous appliquons avec les chiens, nous conduit à développer un sens de la "normalité" qui nous pousse à mépriser la nullité, la laideur et l'incompétence évidentes, tout en adulant une médiocrité qui, in fine, encourage ces trois choses. Je dirais même qu'elle les rend inévitables.

 

J'étais tombé sur une image assez typique de cet esprit critique superficiel, au point qu'elle en constituait, à mes yeux, une sorte de mise en abyme. La voici :

 

 

A première vue, l'image contient quelques slogans pertinents que toute personne consciente des embrigadements omniprésents dans nos sociétés ne pourra qu'applaudir. Bien souvent, elle s'arrêtera à ce constat, sans remarquer que l'image propose toutes sortes de simplifications abusives, et néfastes à la pensée. En premier lieu, on pourra se demander s'il n'y a vraiment que 9 stratégies de manipulation des masses, ou encore s'il est bien juste et utile de pratiquer cette constriction de la pensée critique envers ces manipulations au point de l'enfermer dans un prêt-à-penser, oserais-je dire dans un pense-bête, formant des catégories aussi strictes alors que l'on voit bien, après un regard plus approfondi, que plusieurs de ces thématiques s'entrecoupent, se croisent au point de former, finalement, des thèmes plus larges, qui à leur tour débouchent sur des thématiques secondaires qui ne sont même pas évoquées sur cette image.

 

Que dire, également, de l'utilisation de symboles qui prétendent résumer la pensée tout en la détériorant ? Ainsi, le choix du premier symbole revient à accuser les jeux vidéo d'être par excellence un instrument choisi par les dominants pour manipuler l'attention des foules, quand bien même la télévision est un outil bien plus passif, bien plus massivement utilisé, et bien plus efficace à cet égard. Non que je nie l'aspect potentiellement néfaste de l'actuelle expansion des jeux vidéo dans toutes les couches de la société, mais il s'agit plutôt d'un effet secondaire d'un dressage déjà bien accompli par d'autres biais : la population a adopté les jeux vidéo avec une attitude qui avait été apprêtée pour elle par le biais des autres médias, possédés, eux, par les dominants, quand le jeu vidéo était au départ un passe-temps de passionnés, développé par ces passionnés et pour ces passionnés. Aujourd'hui de plus en plus détourné par une industrie qui supplante presque celle du cinéma, il est vrai.

 

On pourrait appliquer la même méthode critique pour chacun des points de l'image, mais loin de moi l'idée d'user de la méthode hypercritique. L'image est pertinente, mais ce que je déplore, c'est qu'elle dénonce la médiocrité tout en en étant une illustration : on ne peut pas appréhender une critique de la société par un médium aussi basique. C'est au contraire la porte ouverte vers les acquiescements imbéciles et superficiels, chausse-trappes tendue à tous les individus captifs des sociétés à médias de masse que nous sommes. Nous avons été tellement domestiqués, domptés, rendus dociles, que même lorsque nous cherchons à reconnaître les signes de notre aliénation, nous en produisons automatiquement une nouvelle couche, qui vient remplacer celle que nous peinions à discerner.

 

La médiocrité est une sorte d'habitude caractéristique des sociétés occidentales, et l'on trouvera, à n'en pas douter, des signes jusque dans cet article qui la vilipende, c'est dire sa puissance.

 

Il faut pourtant parvenir à s'en débarrasser autant que possible, pour prétendre parvenir à une critique d'un système aliénant qui ne serait pas que superficielle.

 

Prenons un exemple, cet article sur le « dictateur » syrien Bachar El Assad :

 

http://www.huffpostmaghreb.com/2013/09/11/portrait-bachar-assad_n_3908487.html

 

Suffit-il de nommer un dictateur pour qu'il le soit ? Et d'ailleurs qu'est-ce qu'un dictateur ? Encore faut-il pouvoir se poser, pour commencer, les vraies questions, mettre les termes en perspective, pour pouvoir mener une réflexion qui soit assise sur des bases dignes de ce nom.

 

Je n'ai pas ici la prétention de faire une critique in extenso d'un tel article, je me borne à constater qu'en filigrane de ce portrait, il distille sa subtile dose de propagande. Bachar El Assad est un dictateur à partir du titre, et l'on sait qu'un titre est lourd de sens et d'implications. On ne saurait douter que la recette intitulée « la tarte aux pommes » serait autre que celle d'une pâtisserie, et chaque ligne de la recette se chargera de démontrer qu'au sortir du four, c'est bien cela qu'on verra apparaître. Bachar est donc cuit, nous savons tous qu'il est un dictateur, et même si l'article n'en faisait aucune démonstration concrète, l'important est que chacun est censé en être convaincu.

 

Regardons pourtant de plus près. Bachar El Assad est le fils d'un dictateur, comme je suis le fils de mon père, sans pour autant être mon père. On sait que son père était – supposé être – un dictateur car il aurait fait torturer des opposants dans des prisons, écrasé la rébellion dans la violence et ainsi de suite. Bachar en aurait fait de même, à part qu'il aurait fait libérer des milliers de prisonniers enfermés sous le « règne » de son père. Tiens donc.

 

Bachar est un médecin qui a grandi en Angleterre, et qui a été rappelé in extremis dans son pays pour assumer la présidence, pour laquelle il a été élu à 97%. Ceux qui le connaissent le dépeignent comme un personnage calme, posé, éduqué, et son métier de médecin ophtalmologue évoque plutôt quelqu'un qui a un souci – au moins relatif – des autres. Tiens donc ? Mais où est ce salopard qui aurait gazé sa population ?

 

Tout indique que ces histoires d'attaques chimiques ne sont que des complots visant à le déstabiliser. Par ailleurs, lorsque l'on se penche sur la présidence de Bachar, on est frappé par une chose : des revirements apparemment incompréhensibles dans ses choix, toujours justifiés par un discours posé, et surtout, une impossibilité à suivre la ligne présentée lors de ses programmes. Vous me direz que c'est assez banal dans le monde politique. Là où ça l'est moins, c'est lorsque l'on accuse de ces maux quelqu'un qui est désigné comme un dictateur sanguinaire, alors qu'il s'agit plutôt de la marque des gouvernements républicains classiques, comme on l'observe régulièrement en France, aux USA et dans toute l'Europe.

 

Enfin, s'il est vrai que des exactions ont été menées par son père, et dans une moindre mesure sous sa présidence, il se dessine assez nettement une idée qui n'échappera pas à un observateur lucide : la véritable dictature syrienne n'est pas celle de Bachar, mais celle du régime autoritaire dont il n'est que le pantin opportun. A ce régime oppressif, il confère en réalité un visage acceptable, éduqué et « civilisé », certainement bien malgré lui. Il me semble, après mes lectures, qu'il a néanmoins réussi à apporter à ce régime un adoucissement bienvenu. Dans ce cas, pourquoi ne désigne-t-on pas le vrai problème, à savoir le régime qui se sert de lui, et par là, du nom de son père ? Certainement car il est plus pratique de cibler une figure identifiable par tous, à la différence des barbouzes qui manœuvrent dans son ombre. Il s'agit d'un typique détour journalistique pour s'adresser aux foules. Une médiocrité corporatiste qui nourrit la médiocrité populaire.

 

Il est également frappant dans cet article qu'à chaque fois qu'il est question de dénoncer la dictature brutale de Bachar, ce sont en réalité invariablement des exemples datant de l'époque de son père qui sont cités, exemple :

 

« En 2011, les révoltes provoquent alors la réaction prévue par la tradition perpétuée. Déjà en 1982, Hafez El Assad avait ordonné le massacre de 20,000 personnes dans la ville de Hama, dans le cadre d'une violente répression contre les Frères musulmans. Derrière cet exercice du pouvoir par la force se cache le prince Machiavel. Pour celui qui affirmait qu'il était "plus sûr d'être craint que d'être aimé", gouverner consistait à mettre "ses sujets hors d'état de nuire et même d'y penser". »

 

Le Machiavel en question, qu'on ne s'y trompe pas, est bien Hafez, le père de Bachar. Il est particulièrement choquant que, de chaque côté d'un signe de ponctuation – le point de la première phrase – il soit question de deux époques différentes et de deux personnes différentes, pour porter opprobre sur celui qui est évoqué à gauche du point, lorsque tous les torts cités sont relatifs à la personne citée à droite du point. C'est une manipulation tout à fait grossière, d'une malhonnêteté intellectuelle absolument indéniable, que l'on peut illustrer ainsi, en la caricaturant à peine :

 

« En 2016, les manifestations en France sont réprimées comme on sait le faire. Déjà, en 1940, Pétain avait organisé le réseau de la collaboration, pour faire déporter les opposants membres de la résistance. Quant à Mitterrand, préfigurant la gauche actuelle, il était grand amateur d'assassinats politiques. »

 

Imaginons la tête de nos bien aimés démocrates non-sécuritaires au pouvoir, si un journal renommé osait pratiquer un tel parallèle dans notre beau-pays-progressiste-des-droits-de-l'homme.

 

On est là face à un double-standard tout à fait classique de notre époque, rendu difficile à identifier par les contorsions sémantiques et rhétoriques de nos professionnels de la communication que sont en réalité nos politiciens. Heureusement, tout le monde n'excelle pas dans le domaine, et il arrive que quelqu'un fasse un faux-pas, dont voici un exemple tout à fait décoiffant :

 

http://www.les-crises.fr/double-standard-de-la-cia-quant-a-la-torture/

 

L'entretien est tout à fait édifiant, et éclaire les contradictions soulevées juste au-dessus. Voilà comment un dirigeant progressiste d'un état laïc du moyen-orient, qui se débat pour se faire un peu de place au sein d'un régime autoritaire, peut-être qualifié de dictateur, tandis que des dirigeants occidentaux ayant un penchant de plus prononcé pour le tout sécuritaire et l'état policier peuvent être considérés comme de parfaits démocrates amis des libertés : il suffit de changer les critères en fonction des besoins.

 

Encore faut-il que de temps en temps, un type un peu moins adroit qu'un autre dans le débat se fasse avoir, pour que la chose, pourtant évidente le reste du temps, bien que cachée, apparaisse au grand jour.

 

Dans le même ordre d'idée, j'avais parlé dans ma dernière série d'articles de la subversion exercée par les médias à propos notamment des révolutions et printemps en tout genre. Je poste donc ce lien pour être dans la continuité, et démontrer que les choses se poursuivent :

 

http://fr.sott.net/article/27970-Revolution-de-couleur-Poutine-cible-des-complots-de-l-Occident

 

On pourra toujours dire qu'il s'agit de la « propagande russe », mais avant cela, il faudra mettre nos chaussons et balayer devant notre porte, merci.

 

En matière de double-standard, on pourrait aussi parler des attentats qui n'ont d'importance que lorsqu'ils se déroulent « chez nous », et servent à activer les leviers de l'état policier en marche :

 

http://fr.sott.net/article/27942-Rien-n-a-change-depuis-Charlie-Hebdo

 

Comme le dit très bien l'auteur de l'article :

 

« Nous faisons l'objet d'un lavage de cerveau à grande échelle. En tant qu'individu, nous avons le choix et le devoir de résister en utilisant notre intelligence et notre bon sens. Laissons la raison l'emporter sur nos émotions si nous voulons éviter de nous laisser emporter par le chaos. Pleurons les victimes, refusons le terrorisme et la violence, défendons nos droits civils et ce qui reste de la démocratie. Refusons l'aveuglement en ces moments tragiques. Recherchons l'amour au fond de nos cœurs. Luttons contre le mensonge et la désinformation et surtout fuyons l'hystérie collective."

 

Voilà qui ne saurait être plus à point dans cet article.

 

Et puisque nous parlions de nos belles démocraties, toujours en lutte pour instaurer, par des moyens moraux, les valeurs de respect et de liberté, évoquons aussi cela, c'est de circonstance :

 

http://fr.sott.net/article/27977-Chavez-at-il-ete-empoisonne-par-son-garde-du-corps-lie-a-la-CIA

 

On connaissait déjà la méthode, ne nous cachons pas. Cet article a simplement le mérite d'en révéler les ficelles, pour ceux qui ignoraient que nos démocraties occidentales avaient aussi un faible pour la fourberie et le meurtre. Cela fait des décennies et des décennies que les américains tuent, déstabilisent, mettent leurs pions à la place des dirigeants élus, notamment en Amérique latine, et j'espère sincèrement ne l'apprendre à aucun lecteur, tant ce fait est connu de longue date.

 

En matière de déstabilisation, nous avons eu tout récemment l'épisode particulièrement des Panama papers.

 

http://fr.sott.net/article/28020-Les-Panama-Papers-attaquent-les-ennemis-de-l-Empire-et-sont-un-moyen-de-chantage-ideal

 

http://fr.sott.net/article/28023-Panama-papers-l-empire-contre-attaque-ou-le-Titanic

 

 

J'avais presque envie de centrer cet article sur George Soros, tant la figure de ce manipulateur ignoble devient récurrente dans les affaires les plus noires du monde. Vous constaterez qu'il est encore du coup, comme il l'est de la campagne d'Hillary Clinton. Et à ce sujet, voici un autre coup particulièrement fendard, où il se trouve mouillé :

 

http://fr.sott.net/article/28024-Manipulation-mediatique-quand-des-acteurs-peuvent-etre-recrutes-pour-des-manifestations-des-attentats-des-fusillades-des-catastrophes

 

Oui, vous avez bien lu, de nos jours, on engage des acteurs – probablement des chômeurs, en réalité, ce n'est pas ça qui manque – pour organiser de fausses manifestations, ou gonfler des manifestations authentiques. Mais l'aspect le plus grotesque est quand même le coup d'organiser de fausses manifs pour Bernie Sanders (concurrent de H.Clinton chez les démocrates) pour... cracher sur Trump (adversaire probable des démocrates, dans l'autre camp). On fait ainsi d'une pierre deux coups, et surtout on dénature totalement le jeu "démocratique" (jeu qui est particulièrement parodique aux USA de toute façon, mais est-ce une raison ?).

 

"Mais le Daily Caller affirme que les faux manifestants ne sont pas embauchés par Sanders, mais par l'entourage d'Hillary Clinton, et rémunérés par les suspects habituels George Soros, MoveOn.org, et la Progressive Auto Insurance de Jonathan Lewis "

 

Personnellement, je me demande dans quel coup n'est pas George Soros. Si jamais une météorite tombe sur la planète, il faudra penser à regarder l'étiquette...

 

En tout cas il est plus rapide de compter les sales coups où il n'est pas que ceux où il a placé son pognon. Le problème est qu'il n'est pas le seul dans le genre... Et voilà en réalité qui tire les ficelles de nos jours, des gens qui vont jusqu'à infiltrer tous les mouvements politiques et révolutionnaires à travers le monde, pour les faire dévier de leurs buts. On parle ici d'un nouveau genre de crime contre l'humanité, littéralement.

 

Pour clore ce chapitre, un petit intermède de pure propagande :

 

http://www.les-crises.fr/quand-france-2-et-etienne-leenhardt-cherchent-a-paniquer-la-population/

 

Les commentaires d'Olivier Berruyer sont très justes, tout comme la référence au quart de la haine dans 1984. Quant au contenu, bah ma foi, c'est digne du JT : éteignez votre télé et reprenez une activité normale.

 

Pour entamer ma dernière partie, deux articles qui se répondent dans leurs thématiques, et qui, à mon avis, illustrent bien à quoi nous avons à faire à l'époque moderne, à savoir une nouvelle forme de totalitarisme :

 

http://www.les-crises.fr/le-neoliberalisme-est-un-fascisme-par-manuela-cadelli/

 

http://lidiotduvillage.org/2012/10/10/latlantisme-est-un-totalitarisme/

 

Je citerai particulièrement le second article, que je trouve excellent :

 

"Les caractéristiques de cette idéologie sont nombreuses et ne revêtent pas toutes la même importance, mais elles dessinent très clairement une idéologie totalitaire ayant ses spécificités propres qui ne se retrouvent pas nécessairement telles quelles dans les totalitarisme érigés en momies d’observation comme le stalinisme ou le nazisme. Il ne nous semble pas utile, en effet, de comparer l’Atlantisme à d’autres totalitarismes passés de mode, car on peut être un totalitarisme à part entière sans partager toutes les caractéristiques de ses modèles les plus achevés, modèles qui appartiennent à une autre époque. "

 

Il est en effet nécessaire de cesser de se référer systématiquemet aux grands méchants loups que sont le stalinisme, le fachisme et le nazisme pour délimiter à tout jamais les caractères du totalitarisme. Orwell et Huxley, ou encore Bradbury, pour ceux qui veulent les comprendre, ont esquissé les contours des totalitarismes modernes à venir : ils utilisent les médias, la finance et l'industrie pour asservir. Les camps de concentration sont dans les têtes, et leurs barbelés ne sont autres que l'auto-censure qui empêche d'exercer un esprit critique plein et entier, pourtant nécessaire à une société qui se dit ou se veut démocratique.

 

Nous vivons une époque qui a renoncé à ses idéaux, pour se vendre au plus offrant, c'est à dire au mondialisme industriel. Ces élites qui possèdent la quasi totalité de la richesse créée par l'homme (à commencer par Soros et ses semblables) ont acheté les médias, qui ont à leur tour borné la pensée, tandis que l'industrie fournissait les produits de consommation. Trop occupé à diverses distractions, tétanisé à l'idée de perdre le peu qu'il lui reste encore, le citoyen occidental est de loin l'individu le plus aliéné qui ait jamais été, car il l'est sans en avoir conscience. Les bouddhistes ont coutume de dire qu'il est pire de commettre des erreurs en étant dans l'ignorance de cette erreur, car cela empêche de prévenir certains effets de ces erreurs. L'époque moderne prouve que c'est bien le cas. Les peuples occidentaux sont biberonnés à l'ignorance et à une médiocrité qu'ils chérissent tout en faisant semblant de la détester, car il est bon de chérir ce pour quoi l'on est forgé. Par là, ils sont inaptes à défaire leurs chaînes car, s'ils peuvent avoir conscience d'être liés, ils ne savent pas définir exactement par quoi, et ils vont jusqu'à croire que ce qui les fait jouir est ce qui les rend libres, alors que c'est bien souvent l'inverse. Pris dans cette double-pensée typiquement orwellienne, ces occidentaux se croyant libérés et individualisés sont en réalités totalement formatés, incapables de penser hors des bornes qui leur ont été imposées.

 

Par ailleurs, la surveillance de masse qui se développe de plus en plus renforce encore cette tendance déjà délétère, comme l'explique cet article :

 

https://www.laquadrature.net/fr/node/9849

 

La surveillance, c'est par exemple celle-ci, qui se développe :

 

http://fr.sott.net/article/28018-Surveillance-l-identification-biometrique-comportementale

 

L'article nous dit :

 

"La biométrie comportementale interroge également la protection de la vie privée. D'autant plus que, à l'instar de la controversée graphologie, l'analyse de la dynamique de frappe pourrait servir au profilage psychologique. « Cela ne marche pas à 100 %, mais nous arrivons quand même à déterminer le genre de l'utilisateur dans près de 80 % des cas », souligne Christophe Rosenberger, qui précise que cela fonctionne également pour l'âge. Si c'est confirmé, la frappologie pourrait alors être utilisée pour repérer les pédophiles sur les sites de chat pour mineurs ou encore pour déceler les faux avis sur les sites de e-commerce... Des techniques « totalement déployables dès demain » ajoute Christophe Rosenberger. En termes d'authentification biométrique, « la machine semble, dans certains cas, dépasser l'homme », conclut Christian Wolf. "

 

On discerne encore une fois un exemple de ce grand fantasme transhumaniste qui traverse l'époque contemporaine, mais surtout cette foi religieuse dans un progrès qui ne serait que vertueux.

 

La biométrie nous permettrait ainsi de discerner les pédophiles et les arnaqueurs. Que leur fera-t-on au juste ? Puis ensuite, qui cette technologie dénoncera-t-elle ? Est-ce une technologie de profiling ? On nous dit que des ordinateurs font des diagnostics plus justes que des médecins. Pourront-ils désigner sans se tromper des criminels, voire des criminels en puissance ? Voie royale vers minority report ? Ou pire encore, ces technologies pourraient-elles être utilisées pour repérer des dissidents, voire des profils de dissidents potentiels ? Encore pire que cela : pourrait-on l'utiliser pour trier les gens conformes des gens non-conformes ? Restera-t-il beaucoup de gens qui n'ont "rien à cacher" après cela ? Ou bien, tous ceux qui ont "quelque chose à cacher", parfois à leur corps défendant, auront-ils été internés dans des centres de normalisation ? Pardon, c'est mon côté auteur d'anticipation qui parle. N'empêche, Orwell avait déjà dénoncé ce risque et ces effets, dans 1984 : l'auto-censure, et le mal-être qu'elle produit. On sait que la maladie mentale progresse sans cesse dans nos contrées, et je ne serais pas étonné qu'il y ait dors et déjà un lien qui proviendrait de nos dissonnances cognitives irrésolues, entre ce que nous acceptons de percevoir de la vie, du monde, de la société, et ce que sont réellement ces choses.

 

Le véritable avenir de ces technologies, et de cet état policier soutenu par ces technologies n'est pas celui d'un avènement d'un meilleur humain, mais d'un humain sélectionné comme les semences, un OGM sur pattes. Cet avenir est un nouvel eugénisme, si l'on s'y laisse aller. Un avenir d'uniformisation où les slogans tels que "il faut de tout pour faire un monde" sonneront comme la poésie idéaliste d'un temps révolu. Tout ce qui sera trop différent pour faire un monde homogène sera sélectionné, écarté, effacé puis oublié, rangé dans des musées électroniques, au titre de curiosités et bizarreries anachroniques. Les êtres, tous rendus identiques, pourront enfin s'extasier tous de la même manière sur ces choses, communier avec des sentiments tous pareils, et porter tous exactement le même regard sur les choses. La mort de la richesse spontanément proposée par la vie, la promesse d'une destruction imminente de l'espèce, après une morne agonie, dans un monde où il sera devenu interdit, et en réalité impossible d'avoir une autre opinion que celle de la masse. J'exagère probablement, mais c'est la tendance qui se dessine pourtant.

 

Je m'approche de la fin de l'article, mais avant de conclure, encore quelques liens.

 

Tout d'abord une réflexion sur l'actualité de la dérive sécuritaire :

 

http://fr.sott.net/article/27974-France-verrouillage-securitaire

 

Puis une autre absurdité de notre bien aimé gouvernement parfaitement démocratique et ulcéré par la perte de libertés dont il est le premier et principal, voire unique responsable :

 

http://www.les-crises.fr/manuel-valls-nous-avons-ferme-les-yeux-sur-la-progression-des-idees-salafistes/

 

Les photos parlent d'elles-mêmes. On est dans le ridicule le plus achevé et le plus honteux. On décerne des légions d'honneur aux principaux financeurs du terrorisme pour... leur lutte contre celui-ci, puis on se consterne de n'avoir su voir une montée du terrorisme qu'on a soi-même encouragé, en soutenant ses souteneurs. Ce n'est même plus de la double-pensée, là. C'est de la haute voltige en terme de déni, de bêtise et de folie. Sans parler de la corruption.

 

Mais tout s'explique, et ce sera mon dernier lien pour cette fois, réservé aux anglophones ou anglophiles :

 

https://realityenthusiast.wordpress.com/2013/06/05/bob-altemeyers-the-authoritarians-2/

 

Il s'agit d'une analyse assez passionnante, basée sur un jeu appelé "jeu du changement global", lui-même objet d'études scientifiques de nature sociologique et politique. Le jeu consiste en gros à un jeu de rôle de grande ampleur dans lequel des personnes sont choisies pour représenter fictivement des dirigeants, couvrant à eux tous l'ensemble du monde, pour reproduire ludiquement les enjeux et défis de la politique globale actuelle.

 

L'article se concentre plus particulièrement sur une étude où tous les dirigeants (68 au total) du jeu ont été choisis parmi des profils psychologiques de type "autoritaire d'extrème-droite", et sa comparaison avec un jeu où le choix des profils a été inverse.

 

Vous serez heureux, et sans doute peu surpris d'apprendre que, dans les deux parties qui ont eu lieu avec des dirigeants autoritaires, les jeux diplomatiques ont donné lieu à des boucheries incroyables. Dans la première partie, une guerre nucléaire globale dès les premiers tours de jeu. Dans la seconde, plus de 2 milliards de mort, suite à une plus grande "prudence" des joueurs, après l'issue de la première partie.

 

Dans le groupe non-autoritaire en revanche, aucune guerre, une population humaine en progression lente, de la coopération, et des blocages contre les rares tentatives d'intimidation qui ont lieu.

 

Si l'on se fie aux conclusions de l'étude, en ayant dans un coin de sa tête que le monde actuel tend à attirer et accumuler les profils pathologiques et égocentriques aux postes à responsabilité et à influence, cela est relativement inquiétant, mais sans surprise. On pensera à la fois aux manoeuvres incroyablement malsaines et dangereuses des milliardaires à la Soros, à la tentation sécuritaire française, aux double-standards américains quant à la torture et à la dictature, bref à tout ce qui a pu être évoqué dans cet article, et d'autres de ce blog. Simple confirmation de la tendance morbide de la civilisation humaine actuelle. Pour ceux qui le peuvent, la lecture de l'article est fortement recommandée, notamment pour éclairer certaines notions quant à la psychologie et à l'incapacité de penser correctement des profils autoritaires qui tendent naturellement à rechercher le pouvoir.

 

En conclusion, il faut aussi ajouter que, si les profils égocentriques ont tendance à quêter l'influence et la domination, les profils inverses ont une tendance également néfaste à leur laisser spontanément le champ libre, ce qui laisse à réfléchir, tant il est vrai qu'il est aisé de reprocher leurs torts à ceux à qui on laisse occuper le pouvoir... Il serait temps de se poser une bonne fois cette question : ce que nous appelons démocratie n'est-il pas un pont d'or pour les fous à se voir désigner les pleins pouvoirs, à terme ? A voter pour des gens et à leur accorder toute légitimité pour nos affaires, les peuples se tirent une balle dans le pied, et leurs élus tirent ensuite dans le 2e. Il est aisé de le leur reprocher. Il serait plus intelligent de ne pas tendre l'autre pied pour se faire battre, et commencer à faire obstruction à ce jeu : il n'est plus raisonnable (et ne l'a jamais été) de déléguer le pouvoir sans contrôle, et à l'heure où les derniers contre-pouvoirs saute, il est plus que temps de regarder en face la responsabilité que les moutons ont sur l'attitude de leurs loups.

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