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L'Oeil du Selen
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26 juin 2016

Morale et modernisme (4/4) en passant par Krishnamurti

En relisant ce que j'ai écrit dans mes trois premières parties, j'étais un peu agacé de constater que, lorsqu'on s'oppose à une logique moraliste, on a très facilement tendance à glisser à certains moments dans les travers que l'on dénonce. Mais j'ai décidé de laisser mes textes ainsi, plutôt que de trop les polir. D'abord parce que je ne prétends ni à la perfection, ni à l'autorité sur ce sujet, et aussi parce que, précisément, il me semble que cela renforce ce que je dis.

 

Puisque j'explique que, selon moi, tout combat axé sur la morale se dessert lui-même, l'agacement dont je témoigne moi-même en fournit une preuve. Il n'y a rien de plus énervant, alors qu'on ne se sent même pas concerné par le problème, de se sentir cerné de toute part par des inquisiteurs de degrés divers, toujours prêts à vous pousser dans les égouts de leurs raisonnements pudibonds et étriqués.

 

Dans cette conclusion, j'espère avoir l'occasion de nous élever un peu vers des sphères plus dignes.

 

Comme annoncé auparavant, nous allons nous tourner une fois de plus vers une illustre figure de la sagesse que je ne présente plus, cela ayant déjà été fait sur ce blog.

 

Et pour commencer, un long extrait en plein dans l'esprit de mon blog, qui rejoint ce que je viens à peine d'énoncer :

 

« Faire tomber les murs !

- Krishnamurti posait plusieurs questions : « Est-ce que je me rends compte que je suis conditionné ? » puis, « Est-ce que ce conditionnement (de race, religion, culture, traditions,…) me donne un sens d’emprisonnement ? »

Si vous pensez que non, vous êtes satisfait, vous ne faites rien. Cependant si vous ressentez ce sentiment d’emprisonnement, vous vous apercevez que vous n’agissez jamais sans lui, jamais ! Et par conséquent vous vivez toujours dans le passé. Faut-il accepter d’être ainsi toute notre vie durant ? nous y habituer ? nous en accommoder, comme le font la plupart des hommes ? –

Les conditionnements ne sont pas les mêmes pour chacun, ce qui est bien pour l’un est mal pour l’autre. On regarde donc l’autre avec ses propres pensées conditionnées qui ne sont pas les mêmes pour lui et l’on se juge mutuellement sur des critères subjectifs. Cela favorise le racisme, la violence, l’intolérance, la jalousie et tous ces maux qui font que l’homme transforme la Terre en champ de bataille perpétuel.

En lâchant tout, ici et maintenant, en regardant le monde d’un œil neuf à chaque instant, tout cela disparait, non seulement les jugements contre l’autre mais aussi ceux que nous nous portons à nous-mêmes. Lâcher tout ainsi que l’on ferait tomber les murs d’une prison et respirer enfin un air pur.

Pour cela, nul n’est besoin d’une discipline quelconque, dès que l'on prend conscience de nos conditionnements, ils commencent déjà à tomber. »

 

De même, il n'y a pas besoin de mener des combats moraux. Seulement d'énoncer les choses, car en soulignant les mensonges que l'on se raconte, individuellement et collectivement, on les affaiblit. Mais je vais m'abstenir de faire de longs commentaires sur les phrases de Krishnamurti, pour laisser le lecteur y méditer, et aussi parce que, je crois, elles se suffisent à elles-mêmes.

 

Les discours de Krishnamurti étant souvent longs, voire très longs, je vous rappellerai en fin d'article des sites sur lesquels vous pouvez les retrouver, mais pour que cette conclusion ne soit pas trop longue, après trois articles déjà assez étirés, j'ai sélectionné de courtes phrases à figurer. Vous pourrez retrouver certaines d'entre elles dans ses discours, si vous souhaitez les remettre en contexte.

 

« La peur bloque la compréhension intelligente de la vie. » - La connaissance de soi

 

La peur, et toutes les crispations qui l'accompagnent, d'une nature telle qu'elle ne nous permet pas de voir que la peur en était à l'origine, si nous ne regardons pas en nous. Ainsi, la colère caractéristique du militantisme morale naît d'une peur, qui est bien souvent celle que les choses nous échappent. Pourtant, notre crispation ne nous donne aucun contrôle sur ces choses.

 

 

« L'esprit mûri ignore la comparaison, la mesure. » - L'éveil de l'intelligence

 

Et c'est toujours de la comparaison que procède l'agitation morale. Comparer ce qui est avec ce qui devrait être, par exemple :

 

« Nous cherchons toujours à jeter un pont entre ce qui est et ce qui devrait être; et par là donnons naissance à un état de contradiction et de conflit où se perdent toutes les énergies. »

 

 

« L'ignorant n'est pas celui qui manque d'érudition mais celui qui ne se connaît pas lui-même. » - De l'éducation

 

Idée maintes fois soulevée dans mes articles, et fait bien connu de tout chercheur dans le domaine de la spiritualité. Une fois que nous avons saisi cela, nous pouvons cheminer vers ceci :

 

« Range le livre, la description, la tradition, l'autorité, et prend la route pour découvrir toi-même. »

 

 

« Dès l'instant où vous suivez quelqu'un, vous cessez de suivre la vérité. »

 

Et c'est bien un reproche que j'adresserais à ceux qui se mettent à suivre les idéologies moralistes qui se présentent comme des « valeurs » ou des « idéaux », quand il s'agit en fait de lutter pour un projet politique. Cela conduit à ceci :

 

« L'habitude de nous conformer aux modèles qu'impose la société insensibilise nos cœurs. »

 

Ainsi, l'affectivisme conduit paradoxalement à assécher la sensibilité, en l'usant et en la frottant sur des surfaces rugueuses où s'épuise son énergie. Surtout, elle pervertit son innocence.

 

 

« Il est bon de naître dans une religion mais pas d'y mourir. »

 

La religion étant le plus sûr endroit de perdition et de stérilisation pour l'esprit. A noter que par ce type de remarque, Krishnamurti cherchait entre autre à ôter de l'esprit de tous ses « disciples » qu'il était un modèle à suivre, préférant les enjoindre à penser par eux-mêmes, à déployer leur propre intelligence, c'est à dire leur propre indépendance d'esprit. Car il n'y a pas d'indépendance d'esprit dans aucune forme de soumission à une religion ou à une autre forme d'idéologie.

 

 

« Les relations sont sûrement le miroir dans lequel on se découvre soi-même. »

 

En effet, et j'ajouterai que l'on découvre toujours plus de choses en se confrontant aux idées des autres, et en les entendant, qu'en s'enfermant dans sa propre pensée. Pour évoluer, comme j'ai toujours tâché de le faire, sans jamais m'enfermer trop longtemps dans aucune conviction, il m'a fallu entendre des vérités parfois douloureuses, parfois déstabilisante, mais ce fut toujours une richesse, et je veux croire que ce n'est que le début. Ce que je reproche aux idéologies, et à ceux qui s'y cloisonnent, est la stérilisation presque immanquable qui en résulte. A gâcher son énergie dans des luttes, à se contenir dans des idées toutes faites et de faux principes, on perd sa spontanéité, sa capacité à reconnaître que la vérité est vivante, propre à un instant, à une personne, et à une personne dans un instant. De sorte que ce qui a été vrai et défendable le lundi, est soudain frappé d'absurdité le mardi. De sorte que les idées que j'ai pu défendre sur ce blog, je les considérerai peut-être obsolètes dans un an ou dans dix, à moins que, résistant pour certaines à l'épreuve du temps, elles m'accompagnent jusqu'à ma mort, et m'auront alors caractérisé. Non qu'il ne faille rien défendre, rien affirmer, comme une girouette qui serait d'accord avec tout et avec rien, mais qu'il faille toujours le faire en étant conscient que ce que l'on affirme est transitoire. Car en effet, les idées vivent comme les gens qui les portent. Sans parler du fait qu'elles peuvent être perverties, détournées, jusqu'à servir l'opposé de ce qu'elles étaient supposées faire... Par ailleurs, la vérité sur soi-même et le monde est plus importante que les idées qui passent et trépassent.

 

 

« Quand l'esprit ne résiste plus, qu'il ne fuit ni ne blâme ce qui est, mais se contente d'être conscient avec passivité, il s'aperçoit que, dans cette passivité même, vient une transformation. »

 

Et je m'abstiendrai de commenter celle-ci, pour terminer sur une dernière, qui contredit l'inclination à manifester seulement de l'opposition et à nourrir les clivages. Elle est fondamentale, et je m'engage moi-même à la méditer encore et encore.

 

 

 

« Entre deux solutions, opte toujours pour la plus généreuse. »

 

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