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L'Oeil du Selen
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31 août 2019

Hédonisme versus sacrifice

 

Dans mes articles sur le militantisme, j'avais développé l'idée que cette attitude est néfaste à l'esprit, même si elle peut sembler être nécessaire à la société. Mon idée en définitive est que chacun choisit en son âme et conscience, trouve sa place naturellement, et que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Comme l'apprend le bouddhisme « tout est parfait ».

 

Cependant, je voudrais développer un peu mon idée.

 

Certains asticoteurs pourraient objecter que c'est une conception paresseuse, fataliste, voire coupable. Je ne me reconnais pas dans une vision fataliste de la vie. J'ai toujours agi quand je le pouvais pour ce qui me semblait juste et il m'est arrivé de prendre certains risques et initiatives. De constater en revanche la passivité et la lâcheté ordinaire de l'homme qui me touche aussi très souvent.

 

Un piège dans lequel je ne veux plus tomber (cf mon dernier billet d'humeur) c'est de glisser dans des postures moralistes. Ceux qui le font me dégoûtent profondément, et il me semble que nul n'est en droit d'imposer des jugements lapidaires et arbitraires sur l'attitude d'autrui, qui est toujours régie par des motifs plus ou moins conscients dont nous n'avons pas idée – nous pouvons supputer, mais n'enfermons pas les autres dans nos diagnostics, s'il vous plaît, nous n'aimerions pas qu'ils en fassent de même avec nous. Ces motifs peuvent être louables ou non, toujours est-il qu'ils correspondent avec une économie psychologique qui leur est propre, sur laquelle tout jugement sera soit stérile soit néfaste à la personne, parce que, tant qu'une solution réelle n'est pas trouvée pour réagencer cette économie, l'inertie ramènera la personne à son point de départ une fois qu'elle aurait tenté d'y échapper (pour se conformer à notre jugement, y réagir, etc.).

 

Comme je l'ai déjà dit, certaines personnes trouvent naturellement à se positionner dans une attitude sacrificielle. Je pense aux gilets jaunes qui ont bien ramassé depuis 9 mois, par exemple, et dont aujourd'hui, certains payent le prix à mon avis injuste de leurs engagements légitimes. Injuste, mais prévisible.

 

https://francais.rt.com/france/64926-gilet-jaune-averti-par-secu-adminitre-page-facebook-arret-maladie

 

https://francais.rt.com/france/65398-victime-cyberharcelement-jerome-rodrigues-va-sejourner-maison-repos

 

Par essence, tout sacrifice comporte ses risques, son prix, avec dans certains cas la récompense non garantie à la clef. Et le sacrifice peut prendre les formes les plus grandioses (Jeanne d'Arc, Jésus...), les plus ingrates (pensons à ces mères pauvres qui ne se nourrissent pas pour que leurs enfants aient quelque chose), ou les plus triviales (défendre une idée dans un bouquin, sur le net, laisser la dernière part à quelqu'un, laisser sa place dans une file d'attente, etc.).

 

La grande question est dans l'évaluation du bénéfice risque. Mourir pour une cause perdue n'a malheureusement qu'un intérêt dramaturgique. Prendre certains risques peut avoir une vertu pédagogique. Je pense par exemple à Morgan Spurlock qui avait fait « supersize me » et qui ingurgitait des tonnes de malbouffe américaine pour montrer les évolutions sur son corps.

 

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18365185&cfilm=56838.html

 

Il y a, de toute évidence, une sagesse naturelle dans le sacrifice. La sagesse se mêlant très souvent de folie. Mais n'est-ce pas quasiment une caractéristique purement humaine ? Je parle de la folie.

 

L'hédonisme, quant à lui, me semble être la force diamétralement opposée. Mais on caricature trop souvent cette force, parce que dans notre société elle a prit une coloration certes nauséabonde dans bien des cas.

 

En réalité, l'hédonisme est salutaire. C'est une caractéristique qu'il partage avec le sacrifice.

 

Entendons nous bien. Je parle de l'hédonisme, c'est à dire une certaine quête du plaisir, et, en élargissant, du bonheur. Je le prends ici dans son sens large.

 

Le positionnement moral de l'hédonisme en tant que philosophie assume que le plaisir et le bonheur sont des quêtes aussi nobles que d'autres. A ceux qui veulent établir des hiérarchies de le faire, mais ce n'est pas parce que nous vivons une époque individualiste (en réalité, pseudo-individualiste comme je crois l'avoir démontré dans de précédents articles) qu'il faille rejeter le bonheur individuel. Sans quoi, nous ne continuerions à vivre que des mouvements de balanciers entre des extrêmes, à l'échelle des sociétés (individualisme versus collectivisme) et que la lassitude liée à ce mouvement serait instrumentalisée par un extrême centrisme qui prétendrait à la stabilisation. C'est à cela que nous assistons aujourd'hui : une récupération de l'élan de la morale collective par des forces politiques manipulatrices, mues par des intérêts n'ayant pas de lien avec le bonheur des individus.

 

En ce sens là, donc, l'hédonisme peut être une posture aussi respectable qu'une autre, et une quête parfaitement noble. Le bonheur n'est pas un bien que l'on fait fructifier pour soi, car l'être humain étant irréductiblement social, ce bonheur se répand.

 

Le souci étant que pour que les individus puissent accéder à ce niveau de plaisir et de bonheur recherché (excusez-moi, mais même le masochiste recherche le plaisir), il peut être nécessaire de lutter contre des forces politiques contraires à cet objectif.

 

C'est toute l'équation que je vois entre sacrifice et hédonisme.

 

Peut-être n'ai-je fait qu'enfoncer des portes ouvertes ? C'est que je mène ma réflexion, je joue avec des concepts dont je n'ai pas une connaissance livresque, mais vivante, et sur lesquels je n'avais pas forcément beaucoup réfléchi jusqu'à présent. Je me suis donc abstenu de faire des citations des pontes de l'épicurisme, par exemple, pour m'en tenir à une vision qui me semble strictement personnelle, mais aussi relativement objective.

 

Je dirais donc pour conclure que ce sujet reste ouvert à réflexion pour moi. Il correspond certes à une question qui se pose pour moi en cet instant dans ma vie, mais c'est aussi une question universelle que je n'avais jamais spécialement abordé, et que je préfère donc pour le moment ne pas trop développer et garder en suspens.

 

 

Annexes

 

En annexe, je voudrais proposer quelques liens récents, liés à l'actualité ou autre, qui auront pu participer à ma réflexion.

 

https://secure.avaaz.org/campaign/fr/race_to_save_the_world_fr_11/

 

Avaaz, ONG pilotée par des intérêts financiers et politiques, qui veut sauver la planète tous les trois jours. Ici, instrumentalisation des incendies, autre sujet environnemental à la mode ces derniers temps, qui fonctionne si bien en combo avec le réchauffement climatique, pour mobiliser les gens sur de fausses causes secondaires par rapport au tableau général...

 

https://www.les-crises.fr/images-causes-reelles-effets-importance-demelez-le-vrai-du-faux-sur-les-incendies-en-amazonie/

 

Pompier est un métier de sacrifice. On n'éteint pas des feux avec des donations ou du clicktivisme... Tout ça c'est la soupe habituelle du pseudo-individualisme purificateur des consciences...

 

D'autres sujets, bien inscrits en revanche dans le tableau général, méritent en revanche un peu plus de mobilisation, mais ceux-ci ne font pas les gros titres des journaux, c'est même leur propre :

 

https://www.les-crises.fr/la-france-est-devenue-une-des-menaces-mondiales-contre-la-liberte-dexpression/

 

Donc continuons à garder et exercer notre liberté de penser... pour pouvoir conserver un certain degré de bonheur et de plaisir, nécessaire à nos vies déjà bien entachées des tares modernes.

 

Sur le plan environnemental, les dangers dont on parle moins pourraient avoir plus d'impact (sur notre bonheur et notre souffrance) que ceux dont on parle tout le temps :

 

https://fr.sott.net/article/34310-Il-neige-du-plastique-dans-les-Alpes

 

Les milliardaires sont les rois supposés de l'hédonisme. Qu'est-ce qu'on attend pour partager avec eux ? Ah pardon, c'est le contraire...

 

https://www.les-crises.fr/recuperer-la-richesse-des-milliardaires-par-vince-taylor/

 

Mieux partager le bonheur en partageant l'argent qui ne le fait pas, mais qui y contribue, est-ce un objectif qui mérite sacrifice ? Et est-ce un sacrifice ou juste une guerre entre riches et pauvres ? A chacun d'en décider. Mais il est vrai qu'à ce train là, il ne restera bientôt plus rien du tout pour les pauvres... et alors, l'effondrement d'une société impossible causera un malheur incommensurable.

 

D'autres conséquences d'une société mortifère, dégénérée et sans bonheur :

 

https://fr.sott.net/article/34217-Japon-Kodokoshi-ou-la-mort-solitaire

 

 

Et pour terminer, deux articles de fond de Patrice-Hans Perrier que j'ai vraiment appréciés, pour réfléchir. Pas directement dans le sujet, mais qui ont de quoi l'alimenter.

 

https://www.dedefensa.org/article/notre-epoque-comme-hallucinationcollective

 

Réenchanter le monde :

 

https://www.dedefensa.org/article/reenchanter-le-monde-arsmagna

 

 

PS : une bonne vidéo sortie tout récemment et qui a aussi sa raison d'être ici :

 

Mon ANARCHIE VS Grève et Manifestation - Vlog

 

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