Chronique d'un monde en vrac, 1
Je ne sais pas si je vais poursuivre ma revue de presse et internet, mais l'idée de cette nouvelle chronique d'un monde en vrac s'est imposée à moi tout naturellement suite aux évolutions que j'ai mentionnées plus d'une fois récemment. Il est probable qu'elle remplace mon ancienne série. Celle-ci me permettra d'en venir au format plus condensé que je souhaitais pour mes réflexions sur ce blog, avec plutôt moins de liens, moins de dispersion, et toutefois la possibilité d'aborder plusieurs sujets à chaque fois, si le besoin s'en fait sentir. Il s'agira essentiellement de proposer des réflexions que j'espère un tant soit peu originales sur l'état du monde actuel, avec une orientation qui se veut plutôt philosophique sans être trop « chargée », et en aucun cas avec une quelconque volonté d'expertise. Il s'agit seulement d'un regard. Si tout se passe bien, cette série simplifiera aussi largement mon approche, qui auparavant multipliait les formats. Ici je pourrai me permettre d'aborder divers sujets sans qu'il y ait nécessité d'un travail d'approfondissement, puisqu'il ne s'agit que d'esquisser des réflexions sur l'état du monde, et les réflexions plus approfondies pourront avoir lieu dans des articles séparés. En tout cas, nous verrons bien où cela nous mène... Pour le moment, c'est un essai.
Dans ce premier numéro j'aborderai essentiellement trois sujets. D'abord la notion de placebo dont il a été plusieurs fois questions sur ce blog. Ensuite je parlerai de l'état de désordre de la société, puis je terminerai brièvement sur la question de l'islamophobie sur laquelle j'avais écrit il y a peu. Pourquoi trois sujets en un article, me direz-vous ? Et bien vous verrez qu'on peut aisément relier les trois.
Placebo et dissociation mentale collective
J'avais écrit plusieurs articles sur l'effet placebo, l'homéopathie, les fleurs de Bach, et le thème du scepticisme/zététisme est un fil rouge de mon blog. Le lecteur habituel n'ignore pas mon dédain paradoxalement mêlé d'intérêt pour la démarche zététique. C'est que, même si je trouve la zététique mortifère, je ne renie pas l'importance de l'esprit rationnel, du doute, de l'esprit critique. Seulement, je n'en fais pas un culte.
Au cours des derniers mois, j'ai suivi pas mal de vlogs, vidéos et conférences des chaînes youtube zététiciennes souvent citées ici, parmi celles que j'arrive encore, c'est selon, à apprécier ou à tolérer. J'ai aussi lu un certain nombre d'articles que je ne relaye pas ici. Il y a un refrain vieux comme le monde qui revient sans cesse, à propos de telles et telles méthodes, l'homéopathie en tête, mais pas seulement.
Ce refrain c'est bien entendu « les études prouvent que l'efficacité ne dépasse pas celle du placebo ». Avec, comme sous entendu « c'est de la merde, ça ne marche pas et c'est pour les gogos ».
Il ne vous aura pas échappé que c'est plus ou moins le discours que j'avais tenu sur les fleurs de Bach. Honnêtement, je pense toujours que les fleurs de Bach sont une stupidité, mais je dirais surtout, avec le recul, que c'est parce que c'est un remède commercial à la mode qui s'inscrit parmi toutes les bêtises new age qui noient le marché où s'étouffent des approches beaucoup plus intéressantes, pertinentes et efficaces, mais aussi, forcément, plus exigeantes que de juste gober un « élixir ». Au final, je rejoins plutôt les zététiciens sur l'idée qu'on abuse de la naïveté du consommateur pour lui fournir des pseudo-solutions toutes faites que de véritables solutions qui demandent un peu plus d'exigence, et permettraient donc d'aller plus loin dans l'efficacité et la pérennité des résultats, qui plus est sans prendre les gens pour des cons.
Néanmoins, leur discours obtus continue de me lasser, puisqu'ils continuent d'adopter cette logique uniquement pour confronter la médecine « allopathique » avec les « médecines alternatives », perçues comme foncièrement et irréductiblement charlatanes.
Ici, je voudrais soumettre cette vidéo présentant une émission de radio qui date de 2007, si je ne fais pas erreur :
Vidéo youtube : Les chamans, hier et aujourd'hui (avec Jean-Patrick Costa)
Je vous conseille bien sûr d'écouter en entier, mais à un moment, Jean-Patrick Costa – dont j'ai eu la chance de croiser l'association Arutam à peu près à l'époque où il fait cette émission – évoque l'idée très juste que les chamans sont parfaitement avertis de l'existence de l'effet placebo, et l'utilisent...
Bien sûr, de la même manière que « chaman » n'est pas forcément le terme parfaitement adéquat pour désigner tous les praticiens de cette médecine spirituelle ancestrale, le terme placebo n'est pas forcément non plus le terme le plus juste pour désigner cet effet « kiss cool » supplémentaire et parfois décisif, donc très important dans le processus de guérison. Voici la réflexion que j'avais rédigée suite au visionnage d'une vidéo sceptique :
Placebo. Le terme me dérange. C'est un terme inventé par la science réductionniste qui, quelque part, tend à nier les capacités d'auto-guérison au profit d'une médecine mécaniste déshumanisée. Quand j’entends le discours des rationalistes et zététiciens qui exigent des arguments scientifiques, j'ai l'impression d'entendre des catholiques demander à des sorcières présumées de prouver qu'elles ne brûlent pas dans le feu car elles sont pures : une secte de la pensée demande au reste du monde de se plier à ses règles et à ses principes, sous prétexte d'un sentiment de supériorité. Oui, la scientificité est supérieure pour produire certains types d'explications et de résultats, mais ce n'est pas une méthode unique et universelle. Elle a ses limites, ses biais, ses défauts. Elle ne peut et ne doit pas tour régir, sans quoi c'est le totalitarisme (au moins sur le plan de l'intellectuel qui supplanterait tous les autres aspects de la constitution humaine).
Le placebo est-il est un effet parasite qui nous empêche de déterminer l'efficacité chimique pure d'un médicament, où est-il l'effet nécessaire permettant l'efficacité de tout remède et de tout traitement ? Permettant, en tout cas, de démultiplier cette efficacité ?
J'entends régulièrement des récits de gens qui comparent l'efficacité des médecins qu'ils voient simplement au fait que certains d'entre eux prennent le temps de les écouter et de les ausculter, là où les autres se comportent en vulgaires techniciens. Je ne vais pas disserter ici de ce que pourrait être ou ne pas être le placebo (réservons ça à un texte plus fouillé), mais je dirais simplement : cessons de mépriser cet effet, cessons de tout vouloir découper en morceaux, prenons les choses dans leur ensemble, et comprenons qu'on ne traite pas bien l'humain, ni l'animal ou le végétal, d'ailleurs, comme une entité purement mécanique, alors qu'il est aussi constitué d'un esprit, au minimum, et quelle que soit la définition que l'on veuille bien donner de cet esprit. On se demandera d'ailleurs pourquoi l'homéopathie a un effet sur des êtres supposément (et c'est faux) non-doués de raison comme l'animal ou le végétal, mais ça aussi, gardons-le pour plus tard.
La société civilisée actuelle et son désordre
La crise des gilets jaunes, dont on a bien sûr énormément parlé, ici comme ailleurs, a été en réalité l'un des révélateurs de la crise du monde occidental. Le déni continue de faire des ravages chez les « zélites » déconnectées :
Et pourtant :
C'est vrai, la France serait donc le refuge interplanétaire des passions tristes, on le sait, des dépressifs et des consommateurs de médicaments et notamment les psychotropes. Les français sont pauvres parce que ce sont des losers dans leur tête, et peut-être qu'ils devraient davantage appliquer la loi de l'attraction, la méthode Coué ou, à défaut, la danse des canards.
Peur-être parce que, là aussi, on ne les traite pas ou plus, comme des êtres humains.
La France est devenue un modèle dans le monde, et si au Chili on a d'abord pris explicitement exemple sur la France pour réprimer les manifestations, on s'est finalement rendu compte que ce n'était peut-être pas la meilleure idée :
Ici, on tient bon, qu'on se rassure. Bientôt on ne pourra même plus se comparer « aux dictatures d'Amérique latine » puisque l'on va plus loin... Difficile de donner des leçons de droits humains à des pays qui finissent par les respecter mieux que nous (même si ce n'est pas parfait, je n'ai jamais dit ça, mais il faudrait se pencher sur les vagues de protestations et de coups d'état directs ou indirects qui ont lieu à répétition dans cette région du monde au cours de cette année et des précédentes).
Bref. Le monde va mal, on nous matraque à longueur de temps avec le réchauffement/changement climatique et avec les théories de l'effondrement, de la guerre civile et j'en passe. Je ne discute pas de la plausibilité de ces scénarios, je constate juste qu'ils existent, et témoignent d'un fort état d'agitation dans le monde civilisé, c'est à dire parmi la quasi totalité de la population humaine.
Ce qui est probablement la principale cause de cette agitation est probablement à trouver ici :
https://fr.sott.net/article/34589-Electricite-le-montant-de-la-facture-un-documentaire-d-ARTE
Au sein de cette crise énergétique majeure qui se profile tout en étant déjà là, qui paupérise les populations en organisant une concurrence truquée, fallacieuse et inefficace, qui rend en réalité chaque concurrent moins rentable que ne pouvait l'être un service public certes monopolistique, mais concentrant tous les moyens qui sont maintenant diffusés anarchiquement parmi des boites dont ni la compétence, ni l'honnêteté, ni le souci de l'intérêt général ne sont garantis.
Bien sûr, le problème est encore plus vaste puisqu'il concerne la question des approvisionnements énergétiques, des inégalités entre les régions du monde, et donc des conflits géopolitiques de plus en plus nombreux. Il est clair qu'au 21e siècle, la problématique énergétique, des ressources et de l'eau (une ressource aussi, mais tellement fondamentale que je la place à part) est la source d'une grande majorité des guerres et des tensions dans le monde.
N'étant pas spécialiste en géopolitique, je n'approfondis pas ici, mais je crois que c'est quelque chose qu'on peut tous constater. La surpopulation a rendu absolument cruciale la question de la protection et de l'appropriation des ressources, qui finiront fatalement par s'épuiser. Nous sommes clairement sur un compte à rebours dont nul ne peut dire combien il durera ni à quoi il aboutira, et chacun a son scénario à ce propos, qui pourrait être soit trop tendre, soit trop catastrophique, c'est impossible de l'affirmer. On peut seulement dire que le problème est réel, et majeur à l'échelle de l'humanité.
Sur l'islamophobie
J'avais donc abordé ce sujet il y a peu. En complément, je voudrais simplement fournir cette pièce de plus à la réflexion, tant il est rare et réconfortant d'entendre des propos intelligents d'une vraie féministe musulmane, qui est donc à la fois membre de cette religion et contre le voile :
On pourra tiquer ici et là – personnellement l'utilisation du terme « patriarcat » continue de me rendre un peu perplexe tant il me semble abstrait et purement idéologique, mais passons, on pourrait développer – mais personnellement j'applaudis la cohérence du propos, qui est une qualité qui manque à bien trop de discours, fussent-ils partisans. J'ai assez dit à quel point je trouvais ridicules ces « féministes musulmanes » qui clament qu'elles ont choisi le voile alors qu'elles se soumettent simplement à un diktat culturel « à l'insu de leur plein gré ».
Conclusion
Il me semble que vous vivons une époque de fortes dissensions. Euphémisme et évidence, non ? Peut-être en a-t-il toujours été ainsi, mais à notre époque, cela prend une tournure assez intrigante. Je crois que ce numéro aura encore pointé une idée qui m'est chère : le constat de la grande déshumanisation, sous couvert de progressisme sociétal et de sensiblerie de surface. On clame la tolérance et on pratique l'intolérance, on veut la paix et on organise la guerre, on veut l'union et on pratique la désunion.
Il est vrai que nous nous sommes construits sur ces injonctions paradoxales telles que « qui veut la paix prépare la guerre ». Sans être naïfs, on peut tout de même se dire qu'à orienter son énergie dans une direction, il ne faut pas s'étonner qu'on se dirige alors vers celle-ci.
A travailler à la destruction mentale des masses pour les contrôler, nous en avons fait des zombies, des dépressifs, des semi-humains dépendants à des molécules et à des passe-temps narcotiques.
A nier profondément les concepts de sagesse ancestrale, à vouloir aller au cœur de l'atome (a-tome, a-temnein, étymologiquement, priver et couper), à vivre dans la séparation, à découper les choses et les humains en petits morceaux (je ne sais plus qui disait qu'on aurait bientôt un médecin du bras droit et un du bras gauche), nous construisons nous-même notre dissociation mentale, la fragmentation de notre esprit (l'une des principales pratiques chamaniques est le recouvrement d'âme qui consiste à en retrouver des fragments égarés... placebo ?).
Nous sommes désunis et par conséquent nous vivons dans la peur des autres qui sont nos miroirs nous renvoyant les parties de nous-mêmes que nous avons déniés. De la même façon, nous construisons un identitarisme de race, de sexe et de genre, puis nous plaignons de notre déconnexion d'avec la nature et de la manière dont on traite les animaux dans les élevages... Toutes ces choses sont liées parce qu'elles ne sont plus liées... Prenons-en conscience.
Un petit lien pour la route :
Vidéo youtube : Roger Glover & Guests - Love Is All (1974)
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