Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Oeil du Selen
Archives
28 janvier 2020

Chronique d'un monde en vrac, 4 Troisième guerre mentale, instrumentalisation, disproportion et mauvais ciblage des émotions

 

Je reprends ici le titre si bien vu d'un article de Nicolas Bonnal cité dans ma précédente chronique pour prolonger un peu la réflexion.

 

Ce matin, dans le journal local, toute une série d'articles sur le harcèlement à l'école, le fait qu'un enfant sur dix serait victime de harcèlement. Vraiment ? Est-ce pire qu'avant ? Mieux qu'avant ? Tout est pire qu'avant, non ?

 

On parle beaucoup d'hypersensibilité, sans envisager que la supposée hypersensibilité serait en fait la sensibilité normale, mais mal vécue par exemple, ou encore une sensibilité saine par rapport à une hyposensibilité qui serait la norme. Mais les choses me semblent finalement plus complexes. Il me semble que nous vivons dans une société irrationnelle, qui est exagérément sensible à certains problèmes supposés, imaginaires ou réels mais montés en épingle, tandis que parallèlement, elle demeure hyposensible à des problèmes devenus si massifs qu'ils en deviennent invisibles. Je n'ai pas vraiment le cœur à développer ou entrer dans le détail, mais pour fournir tout de même un exemple, je parcourais aussi ce matin cet article que je trouve tout sauf brillant :

 

https://www.les-crises.fr/comment-meurent-les-democraties-par-chris-hedges/

 

Pour moi, les-crises.fr est un site en déclin, se vautrant de plus en plus dans le politiquement correct et même dans la censure tout en prônant l'idéologie de Chomsky : faites ce que je fais, pas ce que je dis, parce que je ne suis pas en accord avec mes idées. Visiblement, le site se contente de suivre une ligne d'un gauchisme progressisme mou, avec cette fameuse frilosité quand il s'agit de pousser une réflexion, mais où on ne reculera jamais, par contre, devant les qualifications de fascisme et d'antisémitisme, ou même de négationnisme.

 

A un moment donné, il faut accepter d'avoir une pensée intransigeante, ou bien c'est qu'on s'enferme dans une idéologie politique, et à ce moment là, il faut l'assumer.

 

Je tentai de poster ce commentaire, mais aucune surprise, il n'est pas passé et se situe dans les limbes de la modération à l'heure où j'écris :

 

 

« Ne peut mourir que ce qui est vivant. Plutôt que de se demander si les heures les plus sombres de notre histoire entrent dans un nouveau cycle, demandons-nous si on ne nous invite pas de force à un quart d'heure de la haine... L'arme la plus sûre pour maintenir la "démocratie" sous léthargie est l'intoxication par les propagandes diverses, le politiquement correct qui force à stopper les réflexions à mi-chemin pour ne choquer personne, éviter des prises de conscience plus profondes, et tout ce genre de choses. L'utilisation de mots au sens détourné ou carrément siphonné, aussi. Démocratie, pédagogie, consensus, et j'en passe. Et puis les bouc-émissaires idéologiques divers sur lesquels les uns et les autres font peser tous les maux de la planète... Trump, l'Iran, le racisme, le sionisme, le climat, les sceptiques, les paradis fiscaux, les fascistes, les antifas, le capitalisme, la corruption, etc. etc. Alors qu'il faudrait parvenir à penser l'ensemble pour percevoir qu'il s'agit d'une dynamique globale dans laquelle nous nous faisons entraîner, que nous simplifions pour parvenir à lancer des anathèmes simplistes pour focaliser les masses tout en les divisant... En ce sens, le monde actuel est une version orwellienne, mais plus complexe.

 

La simple utilisation que l'on fait du terme "démocratie" mériterait que l'on se pose un bon moment dessus... »

 

 

Soyons clair : je ne me prends pas pour un génie dont la parole serait sainte. Peut-être que si mon blog avait 100 ou 1000 fois l'audience qu'il a, j'envisagerais de créer une secte, mais ce n'est pas pour le moment à l'ordre du jour.

 

Je prône seulement une pensée exigeante qui tente d'aller aussi loin que possible et ne s'arrête pas à la moitié du chemin, au niveau du refuge où tout à l'air convenable et plaisant. Je crois qu'une pensée exigeante nous mène nécessairement à des détours déplaisants, à découvrir des recoins sombres de notre propre être et de l'essence humaine. Je crois qu'il est salutaire et indispensable de le faire, à moins de vouloir rester simplement conforme, correct, décent, présentable, et surtout afin d'éviter de sans cesse reproduire les mêmes erreurs à l'échelle individuelle comme à l'échelle historique. C'est ce qui m'attriste, lorsque je vois que la plupart des sites internets ne sont guère plus qu'un refuge pour une bulle idéologique voire politique.

 

Il est d'ailleurs difficile d'y mener des discussions, débats ou réflexions sans être assailli par des « trolls », la censure, la moraline qui exige que l'on tempère certains propos, quand bien même l'on voit que cela nous conduit à interrompre une réflexion qui risquait de conduire à des constats intéressants.

 

En fait, aujourd'hui, les différentes bulles d'information internet participent souvent à ce climat de défiance, d'inquiétude, de négativité, de peur, de division.

 

Faire peser sur l'opinion diverses menaces est le dernier chic des méthodes de contrôle mental de masse. Et n'allons surtout pas croire que seuls les médias de masse sont partie prenante de cette mode de longue durée, qui existe sans doute depuis l'avènement du journalisme, et qui me semble atteindre aujourd'hui une certaine forme de paroxysme.

 

Si je prends la page première de sott.net d'aujourd'hui, quels sont les titres ? Je lis dans l'ordre :

 

« Le virus de l'armaggeddon », « suivez la propagation du nouveau coronavirus grâce à cette carte », « L'opérateur du missile iranien a-t-il été leurré afin d'abattre l'avion d'Ukrainian Airlines au-dessus de Téhéran ? », puis un titre sur le climat et ensuite « Conditions météorologiques extrêmes, révolte de la planète et boules de feu ». La suite n'est que scandales, corruption, violence policière, etc. Un étrange visage du monde...

 

On sait que les JT sont souvent surnommés le « journal des mauvaises nouvelles », donc ils n'ont rien à envier à cela. Dimanche chez mes parents, les grands titres en étaient « insécurité, épidémie, séisme, glissement de terrain »...

 

Un autre site au hasard... « les cochons de guerre », « la dette », un autre sur la guerre au moyen-orient, l'holocauste...

 

Les crises.fr ? Les mots clefs : carbone, guerre, Hitler, la violence, Sabra et Chatila.

 

Il est vrai qu'il est important de parler de ce qui ne va pas. Pour ceux qui ont peur, il vous reste le divertissement, la presse people... bref la fuite vers des sujets bien plus futiles.

 

Mais n'y a-t-il pas, en fin de compte, quelque chose de profondément futile à ne faire que remplir des pages sur des catastrophes du passé, des guerres hypothétiques, des cataclysmes du futur et des angoisses du temps présent ?

 

Pire que futile, cela est profondément nocif. C'est une mauvaise habitude bien pire que la cigarette car elle affecte tout le monde. C'est pourquoi mon propos sur ce blog, si j'ai aussi souvent évoqué les aspects négatifs de notre société, et que je suis en train de le faire à cet instant précis, est toujours de prendre du recul par rapport aux choses, par rapport à l'urgence, aux émotions réflexes.

 

Il y a deux jours, Kobe Bryant, star de la NBA en retraite depuis 3 ans, meurt dans un accident d'hélicoptère avec huit autre personnes, dont une de ses filles. Tragédie ? Les commentateurs d'une chaîne sportive payante étaient en dépression, ne parvenaient plus à faire leur travail sur le direct en apprenant cela... Vraiment, je ne comprends pas... Non-événement absolu pour moi, un encadre de fait divers, une note de bas de page. Des accidents arrivent partout et à chaque instant, pourquoi est-ce une tragédie quand c'est une célébrité ?

 

Il est vrai qu'on n'a pas le temps de se chagriner pour tous les morts de la route, naufragés, victimes d'infarctus... Tous ces destins passent et trépassent inopinément, anonymement, furtivement. Banalise-t-on pour autant ? Non, on use nos émotions sur les événements qui nous concernent personnellement, ce qui est tout à fait normal, sans quoi la vie serait intenable. Il faut donc croire qu'une personne dont on s'imprègne par écran interposée peut finir par nous concerner personnellement...

 

Je ne suis pas insensible aux exploits sportifs, mais leur mérite est tout de même bien relatif, même s'il y a du travail derrière. On ne pleure pas sur la sauterelle écrasée qui ne pourra plus espérer battre le record de saut en hauteur de son espèce. Peut-être devrait-on ?

 

Je crois sincèrement que notre société est malade de ses émotions. Soit qu'elle n'en a plus pour certaines choses, soit qu'elle en a beaucoup trop pour d'autres. Le destin d'un milliardaire qui a vécu une vie heureuse et laisse une fortune à ses trois enfants restants ne me chagrine pas... Oui, ces enfants, cette femme, ont perdu un mari, et un enfant, une sœur. Ça doit être dur pour eux. Mais en quoi ça me concerne ? Quand j'apprends ça, je pense à tous ceux qui ne monteront jamais un hélicoptère, à ceux qui ont perdu des proches par un drone américain, à ceux qui, s'ils perdaient leur père, perdraient tout et seraient obligés de travailler pour vivre, peut-être à se prostituer en tant que mineurs. Des tragédies, il s'en déroule en continu à chaque instant. Personne n'y pense. On s'arrête sur l'instant, sur l'événement, sans réaliser que bien des vies parmi les milliards humaines de notre planète, sont une tragédie de chaque instant.

 

Nous sommes bien trop facilement captivés par nos émotions spontanées. Un événement en occulte une infinité, une mort sans souffrance occulte des milliards de famines. Un attentat en France fait plus de bruit que 100 en Afrique. Et il faut bien que nous continuions à vivre, cependant...

 

 

Lorsque je vois le battage fait autour des tensions en Iran, alors que c'est au moins la troisième du genre dans une période relativement courte, ou que je vois comment la « pandémie » de coronavirus est montée en épingle, je me dis qu'il y a vraiment des intérêts à nous maintenir sous tension.

 

Toujours ce matin, un mail de santé nature innovation m'expliquait pourquoi il n'y avait vraiment pas lieu de s'inquiéter, tout en oubliant de rappeler que la grippe fait bien plus de mort chaque année.

 

Mais ces mails venant de ce site sont particulièrement ironiques lorsqu'on les reçoit régulièrement et qu'on constate qu'ils ne ratent pas une occasion de jouer sur la peur de telle ou telle pathologie (notamment celles liées à l'âge) pour faire leur beurre... En fait, ils critiquent surtout les discours officiels afin de se positionner comme alternative : c'est du marketing. On jour sur la peur quand ça arrange, et sur la réassurance ou l'espoir lorsqu'il est plus profitable de désamorcer quelque chose.

 

Côté géopolitique, la stratégie de la tension est désormais une approche bien rôdée pour exposer médiatiquement un adversaire, le pousser à l'erreur, tout en exerçant une rhétorique de la force pour faire croire à sa puissance. De la « Com » avant tout.

 

Mais cette approche a quelque chose d'irresponsable. Les dangers existent. Les guerres, les catastrophes, sont des éventualités avec lesquelles il faut compter. A trop faire joujou avec la communication, on peut mettre le doigt dans un engrenage, susciter un emballement, ou au contraire, à la façon de Cassandre, lasser et faire que l'opinion se détourne de tel ou tel sujet. La sur-exposition des problèmes dits climatiques ne finira-t-elle pas par faire du tort à l'écologie, si aucune prédiction ne se réalise dans les cinquante prochaines années ? Est-ce que cette fameuse horloge de la fin du monde, perpétuellement bloquée vers minuit moins deux, trois ou cinq, ne finira pas par se dégripper et annoncer minuit pile à l'heure où un missile partira « malencontreusement » ?

 

Notons qu'on la nomme aussi « horloge de l'apocalypse », et qu'apocalypse signifie en réalité « révélation ». Que finira ou non par nous révéler cette horloge (symbolique) ?

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Horloge_de_la_fin_du_monde

 

Et comment la rapprochera-t-on encore de minuit, si la tension apparente monte de plusieurs crans mais que rien n'arrive ? Minuit moins 3 secondes, 2 secondes ?

 

On voit bien que l'on joue à se faire peur, mais que ce n'est pas parce qu'on ne fait que marcher sur le bord du ravin qu'on ne risque pas réellement de tomber... Qui vivra verra ?

 

En attendant, le climat de tension et d'inquiétude est subtil mais palpable. Quasi omniprésent, il touche progressivement chaque domaine de la vie quotidienne, à mesure que la technologie s'insinue partout, nous poursuit, nous rattrape. C'est avant tout elle qui permet cette propagation du harcèlement, du pessimisme, de l'absurde et du morbide même, si l'on considère qu'une inquiétude permanente est une pathologie qui découle du fait que nous ne pouvons plus donner de sens à quelque chose qui est censé nous alerter du danger, alors même que ce danger peut désormais être perçu comme permanent. Comme disait Desproges « Les rues de Paris ne sont plus sûres »... Si nous nous laissons happer, plus rien ne nous paraît sûr, parce que nous ne sommes plus en mesure de faire la part des choses...

 

C'est pourquoi il faut prendre conscience de ceci : oui, le danger existe, mais il ne peut pas être permanent. S'il est perçu comme tel, dans la société d'aujourd'hui, policée par le politiquement correct, c'est forcément que cette peur est artificielle, fabriquée. C'est un embrigadement engendré par l'omniprésence technologique, idéologique, qui propagent le jugement et la condamnation que chacun finirait par introjecter s'il n'était bien installé en lui-même. C'est pourquoi je me gausse quand je vois Trump être comparé à Hitler... Hitler est en nous, c'est une figure symbolique, un archétype que l'on projette sur le monde, et rien de plus. Et en écoutant certains discours réducteurs, nous sommes intimement victimes de cette reductio ad hitlerum, parce que nous sommes tous faillibles, imparfaits, que nous avons tous une part sombre sur laquelle on peut appuyer la lame du couteau, nous faire sentir mauvais et coupables, et déplorables.

 

Un monde anxiogène, désignant les coupables, censurant la critique, est précisément un monde toxique et malade de sa propre toxicité. J'ai beaucoup critiqué sur ce blog les pratiques de la pensée positive comme fuite des sentiments vécus comme négatifs, parce qu'il n'y a rien à fuir, en fait. Cette société est toxique, mais la sanité est à portée de main et elle est en nous. Elle réside dans la capacité à tuer les illusions malades produites par ce système et à s'en distancier. Nul individu ne peut être coupable, même petitement, de ce que des millions d'années d'évolution ont engendré, et de ce qu'une espèce entière a fini par en faire, durant tout le processus de son histoire. Tout au plus les groupes dominants peuvent être désignés pour perpétuer cela malgré toute la science et la connaissance dont nous disposons, et qui sont instrumentalisées uniquement à des fins de contrôle social. Tout ce que peut faire un individu, c'est de se dissocier, au moins intellectuellement, voire mentalement, de ce rouleau-compresseur qu'est devenue la surpopulation humaine, d'une espèce déjà certes agressive et invasive, mais qu'y pouvons-nous ? La haine de soi est-elle une issue en une quelconque façon ? J'y reviendrai dans mon prochain texte...

 

 

Publicité
Commentaires
L'Oeil du Selen
  • La renaissance du défunt Oeil du Selen. Blog sans thème précis mais qui abordera ceux de la création, des perceptions, du monde tel que nous croyons le connaître... et bien d'autres choses.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Publicité