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L'Oeil du Selen
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25 mars 2016

Comment contrôler un peuple et mener une politique de prédation en démocratie - Le démos impuissant (2/2)

On a vu dans la première partie que la subversion peut être utilisée de différentes façons et par différentes entités, mais qu'elle n'est réprimée que lorsqu'elle entre en conflit avec la pensée unique globale. Cela est particulièrement sérieux lorsqu'il s'agit de sujets politiques, tant il est vrai que vous pouvez dire à peu près n'importe quoi sans être inquiété, sur le reste. Ce n'est pas sans raison que l'idéologie politique est organisée par une élite, puis défendue becs et ongles par la meute des chiens de garde officiant en masse dans les médias. Cela est d'autant plus dramatique depuis que les médias importants sont tous détenus, en occident, par des membres de l'élite politico-financiaro-industrielle.

 

Beaucoup de mes connaissances sont en accord avec moi lorsque je dénonce ces dérives, car les gens ne sont pas idiots, et voient bien qu'il existe une forme de manipulation de masse. Seulement, ils ne poussent pas cette conscience au-delà, et bien souvent ne comprennent pas pourquoi je "m'acharne" à la dénoncer. Selon eux, on vit bien en occident, et puis on ne peut pas s'encombrer l'esprit avec tous les malheurs du monde, il faut bien vivre, et pour vivre sainement, il faudrait apparemment détourner le regard quand quelque chose ne va pas. Plutôt que d'y chercher des solutions ? Dans ce cas, et c'est un premier argument, il ne faut pas s'étonner si la situation devient de plus en plus grave.

 

Ce sont les mêmes personnes qui me reprochent un peu mollement de "m'obséder" de certaines choses (alors qu'en fait, j'ai tout un tas de centres d'intérêt, et que je ne lis sur ces sujets que quelques articles par jour, 90% de mon temps est consacré à d'autres choses, qui me plaisent davantage, mais il est vrai que le sujet m'intéresse aussi, ce qui en facilite mon appréhension), qui s'inquiètent de l'état du monde, et s'angoissent à propos d'une troisième guerre mondiale possible, dont ils sont incapables de saisir les causes profondes. Je comprends leur inquiétude, je comprends aussi qu'ils veuillent s'intéresser à des sujets moins anxiogènes, mais je ne peux pas cautionner leur désintérêt absolu de ces sujets.

 

Pourquoi est-ce si important de s'intéresser à cela ? Parce que nos vies en dépendent. Et non seulement nos vies, mais celles de tous les habitants de la planète. Plus que ça, celle d'une majorité des entités vivant sur cette planète. Pour moi, ne pas s'intéresser à ça, c'est ne pas s'intéresser à sa propre vie, à ce qui y produit des effets, des conséquences. Notre santé, mentale et physique, est conditionnée par ce qui se passe dans le monde. La vie et la mort même en dépendent. Et a minima, nos conditions de vie, les limites dans lesquelles on nous permet d'exister. Mais beaucoup ne peuvent s'y intéresser... Soit. Qu'alors ils ne me reprochent pas de le faire, au moins.

 

Car le fond du sujet, ici, c'est que la civilisation occidentale conditionne énormément de choses à la surface du globe. Et je dis ceci sans verser dans le catastrophisme, bien que je sois conscient des dangers qui pèsent tout de même sur l'écosystème mondial, mais on dira qu'ici, on déborde un peu du sujet. Quoique, car tout est lié, mais ce sera le focus d'un autre article.

 

J'avais parlé, dans une récente série d'articles, de ce que j'appelais le totalitarisme invisible, c'est à dire un totalitarisme indiscernable, sévissant dans nos société occidentales, et consistant à régir ce que les gens pensent et donc font, plutôt que de les contraindre à agir ou ne pas agir d'une telle manière. Je rejoignais en cela la pensée de Chomsky, disant que si la contrainte est l'essence de la dictature, la propagande est celle de la démocratie. J'ai aussi maintes fois expliqué que, selon moi, il n'existe pas, au sens strict, de démocratie, dès lors que l'opinion publique est orientée, et que le seul engagement politique que l'on puisse attendre de la masse est l'assentiment des partis assermentés par l'élite, à travers le vote et un militantisme sans conséquences.

 

Or il se trouve que je suis trouvé sur le totalitarisme à front renversé, que l'on peut aussi appeler totalitarisme inversé.

 

http://www.les-crises.fr/le-totalitarisme-a-front-renverse/

 

Il y est notamment fait mention de "la stratégie du choc" et de la destruction des états occidentaux, au profit d'une élite financière et industrielle qui tire toujours, et même plus que jamais, son épingle du jeu, au détriment de nations vidées de leur substance, où les peuples sont réduits à un sentiment d'impuissance face à la politique de prédation de leurs gouvernements, eux-mêmes pilotés et chapeautés par les élites sus-nommées.

 

La publicité et la psychologie de masse sont citées comme outils de prédilection de l'instauration de cette nouvelle forme de totalitarisme, et cela s'assemble parfaitement avec les explications que j'ai proposé à longueurs de ce blog.

 

Certains commentateurs de l'article – que je ne saurais que vous encourager à parcourir – tombent dans le piège tout à fait commun de penser que, si nous étions vraiment sous totalitarisme, nous ne pourrions même pas exprimer ce genre de théorie. Cela est complètement faux. C'est, d'abord, une confusion entre totalitarisme et dictature tyrannique. Le totalitarisme ne se borne pas au nazisme ou au stalinisme, et il s'agit tout au contraire d'une forme politique avec un contrôle social très fort, mais qui passe par la propagande plutôt que par la contrainte, comme on l'a déjà dit.

 

Dans nos sociétés occidentales, totalement submergées d'une idéologie unique, se présentant sous la forme d'une pseudo-pluralité des médias, qui propagent simplement différentes facettes de l'idéologie dominante, les théories alternatives se perdent dans la masse. On les relaye peu ou pas dans les médias, et cela suffit. Si l'on considère un jour qu'il est bon de présenter telle ou telle théorie un peu excentrique, soit pour la critiquer et la détruire, soit parce qu'un journaliste l'a trouvée plus ou moins pertinente et a voulu lui donner sa chance sur la scène médiatique de la pseudo-pluralité, et bien on le fait, et on fait taire ainsi toute critique superficielle de la non-neutralité des médias. C'est tout à fait commode et efficace, comme le prouve l'existence de ces commentaires incrédules, de personnes qui pensent encore que vivre en démocratie, c'est simplement pouvoir dire ce qu'on pense. Déjà ne se rendent-ils pas compte que le débat est de toute façon borné et que tout discours trop excentrique sera purement et simplement fusillé ou alors marginalisé et tu. Ensuite, ils ne voient pas non plus que, perdus dans une masse homogène de propos conformes et se ressemblant tous, les points de vue réellement anti-conventionnels paraissent d'emblée incongrus et donc non crédibles. Il est impossible de les faire entendre, comme il est impossible de se faire comprendre au sein d'une foule qui hurle des slogans, quand on essaye de tenir un propos argumenté. Essayez à la prochaine manif, vous m'en direz des nouvelles.

 

Dans mes articles sur le totalitarisme invisible, je décrivais comment s'organisait l'impuissance des masses face à des manœuvres politico-financières globales et de grande ampleur qui les dépasse totalement, et auxquelles on ne veut surtout pas qu'ils s'intéressent. La vraie politique se passe dans notre dos, et aussi loin que possible du pouvoir des urnes. On trouvera quelques illustrations de ce propos dans cette tribune du toujours plein de verbe, Etienne Chouard :

 

http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/democratie-elections-et-52670

 

J'en viens à présent à mon deuxième point, qui était celui que je voulais développer dans cette partie.

 

 

2) Une démocratie où le démos est impuissant n'en est absolument pas une

 

Le peuple est la marque d'une démocratie, sans quoi plus rien n'a de sens. On sait que le credo populaire habituel est que la démocratie passe par le vote du peuple, or il s'agit d'une mécompréhension qui maintient les gens dans une cruelle illusion. Puisque le peuple est impuissant, si impuissant qu'il en est à signer des pétitions pour tout et n'importe quoi, comme pratiquement dernier recours à toutes les causes, y compris celle des dernières lois sur le code du travail qui sont sur le point de nous ramener plus d'un siècle en arrière (oui je sais qu'il y a aussi des manifs), c'est qu'il n'y a pas ou plus de démocratie.

 

Même si le peuple remportait cette lutte contre la loi inique actuelle, que certains, esclavagisés au plus profond d'eux-mêmes, trouvent encore bon de défendre, cela ne signifierait pas que le peuple est puissant dans sa démocratie. Cela signifierait qu'il a réussi à empêcher qu'un agresseur enfonce sa porte, pour cette fois, et c'est son seul pouvoir : résister encore un tout petit peu aux agression législatives d'un gouvernement de plus en plus totalitaire, qui cherche par tous les moyens à lui ôter ses dernières libertés, et les acquis pour lesquels ses parents et autres ancêtres se sont battus.

 

Si le peuple était réellement puissant, il créerait lui-même les lois qu'il estimerait juste. Jamais il ne créerait une loi qui lui ôte ses droits et lui met les chaînes aux chevilles. Ici, le peuple est assiégé, et il l'est par ceux à qui il accorde des privilèges en votant pour ceux-ci.

 

On entend souvent cette tarte à la crème ridicule, souvent de gens qui n'y croient qu'à moitié dans le fond, car ils ne savent pas trop d'où ça vient, à propos de "ceux qui sont morts pour la démocratie", sous entendu le droit de vote, puisque dans l'esprit des gens, ça se limite à peu près à ça. Or il n'en est rien. Personne n'est mort pour la démocratie, en tout cas pas les peuples manipulés et endoctrinés par des plus riches qu'eux pour servir leur intérêts plutôt que ceux d'autres plus riches (les bourgeois versus les aristocrates). En vérité, la vie était-elle pire sous les aristocrates de sang-bleu que sous la haute bourgeoisie, élite industrielle et financière, nouvelle aristocratie des temps du capitalisme ? On nous le serine, mais rien n'est moins sûr. Et à la limite, le problème n'est pas là. Le problème est que les gens qui se seraient battus "pour la démocratie" se sont en réalité battus pour l'avènement d'une société industrielle dirigée par les bourgeois de l'époque, et dont on voit le résultat actuellement : désenchantement du monde, chômage de masse, religion du consumérisme, explosion des maladies de civilisation (à commencer par la dépression), destruction des environnements, dépossession des peuples du peu qu'ils avaient avant la révolution industrielle (un travail, une maison), explosion de la surpopulation, et j'en passe.

 

Je ne dis pas que tout est noir, je dis qu'il faut aussi voir cela. Qu'il faut aussi voir à quel prix nous payons nos si bienheureux modes de vie, et que cela se fait au détriment du mode de vie de bien des autres aussi.

 

Or si personne n'est mort réellement pour la démocratie, mais pour passer le relais du pouvoir d'une caste à une autre, des gens, souvent nos parents, grands parents, parfois nous-mêmes, se sont battus pour ce qui est en train de nous être enlevés. Verra-t-on un soulèvement à la hauteur de l'événement, qui se résume à la destruction de plus d'un siècle d'acquis sociaux, obtenus par la lutte ?

 

Mieux que cela, verra-t-on enfin une remise en cause profonde de ce système où tout tourne perpétuellement autour de l'idée de travail alors qu'il n'y en a plus et qu'il y en aura de moins en moins ? Le plein emploi est une chimère qui est tout le temps exhibée dans les débats politiques, pas moins navrante que si on nous parlait du père noël pour gagner une élection. Et il y en a encore des millions pour voter... Personnellement, ça me fascine.

 

Le peuple, donc, est acculé à défendre ses derniers droits, ou à tous les perdre en même temps. Les assauts sont devenus la norme, ces derniers mois, sous prétexte du terrorisme dont nous sommes pourtant nous-mêmes la cause, qu'on en juge par ces quelques liens qui ne sont qu'un échantillon de la tendance qui s'est dessinée tout au cours du 21e siècle, mais qui s'était préparée bien avant :

 

 

http://www.numerama.com/politique/149423-les-republicains-veulent-pouvoir-bloquer-facebook-ou-twitter-sans-delai.html

 

https://www.laquadrature.net/fr/de-l-intimite-et-de-sa-necessite

 

http://www.les-crises.fr/le-complexe-securitaro-numerique-menace-de-prendre-le-controle-par-ignacio-ramonet/

 

http://fr.sott.net/article/27875-Nous-effacer-en-appuyant-sur-un-bouton

 

Les USA, comme modèle de l'occident, et aujourd'hui de plus en plus, la Chine, pourtant vertement dénoncée pour sa dictature. Et l'on me dit que la France est le pays des libertés ? Mais jusqu'à quand ? La date de péremption semble dangereusement proche...

 

Il est vrai qu'on nous a préparés à ça. Je l'avais déjà développé dans d'autres articles, mais l'organisation de l'impuissance dans les démocraties occidentales mène au rejet de la démocratie chez les peuples. En voici un lien supplémentaire qui l'illustre :

 

https://fr.sputniknews.com/presse/201601271021265555-americains-democratie-sondage/

 

C'est simple, on noyaute le pouvoir, on constitue une ploutocratie, teinté d'olichgarchisme gérontocratique. On détruit les états, on les soumet à des super-industrie qui pèsent économiquement plus lourd, et on habitue ainsi le peuple à l'idée que la démocratie ne marche pas. Résultat, il réclame quelque chose qui se rapproche de la dictature, qui serait moins lourde administrativement (croit-on, il n'y a jamais rien eu de plus lourd que les administrations soviétiques), et rendrait la gouvernance plus facile. Et on prétend importer cette démocratie qui ne marche pas un peu partout dans le monde...

 

Pour ma part, je ne rejette pas la démocratie, au contraire. J'aimerais en voir une un jour. Pour le moment, c'est néant par ici. Mais il n'est pas étonnant que ceux qui y ont cru, croient maintenant que ce n'est pas si bien que ça, ou que ça ne marche pas... De la même manière, on vote à droite, ça ne marche pas. On vote alors à gauche. Ça ne marche pas, donc on revote à droite, et ainsi de suite. Voilà à quoi mène le grand désintérêt organisé des peuples pour une politique réduite à de la "politique politicienne" pour mieux masquer le fait que les vraies décisions se prennent ailleurs que dans les débats à langue de bois. Mais j'ai un peu l'impression d'enfoncer des portes ouvertes, là...

 

La vérité plus profonde est véritablement dérangeante. Il s'agit littéralement d'occuper le temps de cerveau disponible pour que les industriels puissent écouler leur marchandise fabriquée par des sans-droits, au tiers-monde. Mais n'allez pas croire que seul TF1 fait ça. Tout le monde fait ça, même Arte, même "L'huma", même Charlie Hebdo. Avec des degrés divers, avec un degré de complicité avec l'industrie qui est variable, mais qui existe toujours, dès lors qu'il y a de la publicité dans leurs pages.

 

La publicité, vaste sujet, savez-vous que nous sommes dans la semaine anti-adblock ? Culpabiliser les utilisateurs de bloqueurs de publicité pour mieux justifier le recours unanime, massif à la publicité comme principale source de revenu de tout média et de tout site internet. Mais je ne veux pas m'étendre là-dessus aujourd'hui, même si c'est un sujet de fond sur la société actuelle.

 

https://reflets.info/terrorisme-raconter-lemotion-jusqua-lecoeurement-pour-ne-pas-parler-du-fond/

 

Quand le temps de cerveau disponible est accaparé, donc, on ne parle pas vraiment de ce qui se passe dans le monde, au nom de nos "démocraties". On ne cherche pas les raisons profondes de la radicalisation de certaines franges, dans les régions jetées dans le chaos par nos guerres, car ce sont bien nos guerres. Beaucoup d'occidentaux ne savent pas réellement que nous avons attaqué la Libye et la Syrie... La vague de réfugiés les étonne, les inquiète, les remue, mais les solutions qu'ils suggèrent sont inadaptées puisqu'issues de tête dont les cerveaux ont été rendus disponibles pour d'autres choses. Aussi, ils sont démunis pour comprendre les mouvements et les aléas de la géopolitique qui conditionne pourtant très profondément leur vie, alors que, simultanément, ils croient que leur vote change quelque chose, alors qu'il ne fait rien. "Mais si, ça change quelque chose, entre Hollande, Mélanchon et Sarkozy, d'ailleurs..." ...d'ailleurs l'un n'arrivera jamais au pouvoir et les deux autres font la même chose quand ils y sont. Voilà les faits. Les "changements" sont des détails insignifiants, en regard de ce qui se joue sur les territoires de guerre à enjeu géopolitique. Qu'un ministre crée 10 000 emplois, fort bien, si 100 000 sont détruits par d'autres décisions dont on ne parle jamais, parce que ce sont des accords commerciaux signés diplomatiquement entre des chefs d'état ou leurs conseillers, chefs de cabinet, ambassadeurs, ou je ne sais quoi, au nom d'un industriel "français" (qui sera apatride dès que l'état français cessera de servir ses intérêts, c'est à dire de lui rapporter).

 

Alors on ne nous parle jamais du fond, jamais de ce qui importe vraiment. On nous livre en pâture les faits divers, les catastrophes de toutes natures, on nous inquiète, on nous enjoue, on se joue de nous.

 

On crée des guerres où l'on soutient des terroristes auxquels on donne des noms flatteurs tels que "rebelles modérés" (faisant du "bon boulot"), puis l'on bombe le torse si des terroristes un peu moins de notre côté viennent faire du dégât chez nous. On désigne avec véhémence les dictateurs qu'il faut abattre (ceux qui se trouvent sur le chemin de notre prédation de ressources), et l'on ne dit pas un mot sur ceux qui sont "de notre côté", même s'ils se livrent ouvertement à des génocides, qu'ils occupent et spolient des terres et des peuples, etc. On est allé jusqu'à attribuer nos propres méfaits (ou ceux de nos alliés secrets ou déclarés) à d'autres, pour avoir toujours cette façade pure et irréprochable aux yeux des peuples occidentaux aux cerveaux complètement lessivés, se croyant citoyens d'états vertueux, porteurs des plus belles valeurs de tous les temps, quand bien même ils tuent à distance avec des drones, fournissent des armes chimiques à des mercenaires qui s'en serviront pour agresser des populations, financent le terrorisme, l'entraînent et l'arment, et bombardent des populations civiles au nom de la démocratie à laquelle même les peuples des démocraties croient de moins en moins.

 

On parle des attentats quand ils sont chez nous, ou alors quand on peut clairement désigner les terroristes comme des radicaux, méchants jusqu'à la moelle, prêts à mourir pour faire souffrir un maximum des innocents, et j'en passe. Toute information alternative, plus nuancée, plus difficile à justifier, ou bien concernant des pays et des populations "sans intérêt" ne sont purement et simplement pas relayés.

 

Un bon exemple de cela sont les attentats récents en Turquie.

 

http://fr.sott.net/article/27695-Attentat-a-Ankara-au-moins-28-morts-et-61-blesses

 

Des attentats particulièrement meurtriers, au moins 5 recensés depuis le début de l'année, totalisant au moins 80 morts et des centaines de blessés. Seulement voilà, c'est embarrassant. En effet, ces attentats sont revendiqués par la mouvance kurde, qui fait l'objet d'agressions et de bombardements par le gouvernement turque, depuis fort longtemps. Il s'agit donc de réponses à des représailles constantes, qu'il ne faut pas hésiter à qualifier de la poursuite du génocide des kurdes par le dirigeant actuel. Un personnage dont il est bon de lire aussi des informations moins aseptisées que ce qui filtre dans nos médias :

 

http://www.voltairenet.org/article190851.html

 

Il est donc gênant de parler de ces attentats, puisque cela revient à admettre qu'il se passe des choses louches du côté de la Turquie, et qu'on ne fait rien, car ce sont nos alliés, et qu'en plus on leur tend la main... Or, comment justifier le génocide des kurdes, me direz-vous ? Et bien, on ne peut pas, sauf à inventer les contorsions médiatiques dont nous sommes coutumiers en occident, or ici c'est particulièrement difficile. On ne peut pas dénoncer Assad pour son oppression, sans dénoncer Erdogan qui fait encore bien pire... Alors on se tait, point final. L'essentiel est que le moins de monde possible s'en rende compte. On montre des reportages sur tout ce qui peut aller de travers sous Assad, mais aucun sur la Turquie, et le tour est joué. On peut faire de même avec tout ce qu'on veut, comme la Russie, la Chine, l'Ukraine, l’Amérique latine, et j'en passe.

 

 

Conclusion

 

Le fond du problème est que, lorsqu'on y regarde de près, nos régimes ne sont pas meilleurs que ceux qu'ils pointent du doigt. Mais nous avons, en occident, cet art de la propagande pour tout tourner à notre avantage, que ce soit par le mensonge, la dissimulation et la fabrication de fausses preuves s'il en est (rappelons nous des inventions particulièrement sordides et malhonnêtes qui ont permis de justifier l'invasion de l'Irak dans les années 90, par exemple).

 

Les peuples sont donc conditionnés à penser d'une certaine manière, et à s'étonner du fait que l'on puisse seulement trouver à redire sur le mode de vie occidental, la démocratie, etc. Nous sommes véritablement, sur ce plan, dans un monde à la Huxley, où seules des personnes particulièrement lucides et bien informées peuvent faire le tri dans tout ce qu'on leur sert. Les autres "pensent" simplement comme la masse, ils adoptent l'opinion conforme, tout en se rendant bien compte que tout n'est pas parfait, mais sans saisir l'ampleur du problème.

 

Or le problème est de taille, car la politique occidentale bienséante est la plus grande fauteuse de guerres et de troubles que l'histoire actuelle ait connu. Le but de ces troubles, outre de perpétuer une "pax americana" qui est en fait une guerre perpétuelle changeant sans arrêt de lieu et de visage, est de permettre à l'occident de perpétuer, jusqu'au dernier instant, celui de la chute, sa formidable prédation de ressources qui permet nos modes de vie à la fois précaires, luxueux et dépourvus de sens profond, où chacun peut posséder une ou plusieurs voitures et 30 000 gadgets plus ou moins futiles.

 

Les gens ont été rendus accros à cette forme de société, et ils considèrent cela comme un mode de vie digne, enviable et à répandre, alors qu'il est impossible que la planète entière en jouisse. Nous, occidentaux, prétendument si heureux de vivre ainsi, alors même que la dépression est la maladie de nos pays, sommes prêts à fermer les yeux sur les exactions de nos élites, pour peu qu'ils nous fournissent, en échange, des occupations pour maintenir notre attention, et des informations qui nous confortent dans l'idée que nous vivons, décidément, dans les meilleurs pays du monde.

 

Nous trouvons toujours un dictateur à pointer du doigt, un régime qui ne fait pas tout comme il faut, qui ne se plie pas entièrement aux lois du "libre marché" (car c'est en réalité cela qui se cache derrière la "démocratie"), qui ne traite pas ses femmes également avec les hommes. Bizarrement, nous ne nous occupons pas trop de ceux qui font travailler leurs enfants ou qui les prostituent (nos élites et nos riches profitent des seconds, et les premiers sont nécessaires à notre mode de vie).

 

Nous nous agitons beaucoup autour de l'éventualité d'une troisième guerre mondiale, qui pourrait être nucléaire, juste parce qu'elle nous toucherait, car dans les faits, nous ne nous inquiétons pas beaucoup de ce que vont faire nos armées en Afrique ou en Syrie, et en fait, nous l'ignorons, voire choisissons de l'ignorer.

 

Nous oublions en revanche que notre responsabilité dans cette éventualité d'une guerre généralisée, est la première de toutes. Nous sommes la civilisation qui envahit, qui accapare les ressources, qui bombarde des populations juste pour pouvoir, in fine, écouler des stocks de pétrole et d'ipods.

 

Nous nous étonnons que des gens nous veuillent du mal, nous croyons qu'ils en veulent à notre civilisation, alors que nous sommes allés, chez eux, les frapper les premiers, détruire leurs pays, les tuer, gâcher les vies des survivants en détruisant les infrastructures et en pillant ce qu'ils possédaient.

 

Alors, voilà ce que je voudrais dire à tous les occidentaux que je connais, et avec qui je communique régulièrement, et qui me reprochent de "m'obséder" de cela : nous avons tous une part de responsabilité dans ce qui arrive. Le monde, la vie sont ainsi faits que chaque décision, et chaque non-décision impacte le cours des choses. Cela ne signifie pas que je cherche à culpabiliser qui que ce soit, ni à hanter mes connaissances avec les images de petits enfants chinois fabriquant leurs téléphones portables, ou celle des indiens et africains qui meurent jeunes en travaillant dans les décharges de nos matériels informatiques. Personnellement, ma conscience est tranquille, sans être impeccable. Ce n'est pas parce que je m'intéresse à ces sujets que j'ai envie de m'arracher les cheveux au jour le jour. En revanche, j'estime qu'il est, quelque part, de mon devoir de me tenir au courant. De savoir que, si j'achète ceci ou que je fais cela, cela impacte sur la qualité de vie de mon prochain. Ma préoccupation n'est même pas politique, ou militante. Elle est spirituelle. La majorité de l'humanité, des milliards de personnes dans le monde, vivent dans des degrés variés de dénuement. A défaut de croire dans l'humanitaire, j'estime que le minimum est de se tenir au courant. De comprendre pourquoi et comment nos gouvernements, que nous prétendons élire, se rendent responsables de telles exactions.

 

Il est trop facile, en tant qu'occidentaux, privilégiés de la planète, de se complaire dans notre confort dérisoire et insensé, au point de détourner le regard quand le réel se rappelle à nous. Il est trop facile de dire "nous vivons bien et nous sommes libres", et de se faire le perroquet de médias qui sont les porte-voix d'un consensus mou qui dissimule mal un fascisme consumériste planétaire qui nous dépossède largement du sens de nos vies et de la compréhension de celle-ci. Je ne peux admettre, pour moi, cette superficialité inconsciente et délétère, pour moi et pour mon prochain, et je ne peux me contenter d'une vie d'ignorance, d'inconscience, et de simple abandon aux vices d'une société occidentale qui cache sa vilenie derrière des émissions de télé, des films et des images tous plus lénifiants, abrutissants et décérébrants les uns que les autres. Je vois trop bien que nos libertés sont superficielles, sans portée réelle pour l'émancipation de l'humain, et qu'au contraire, elles servent le résultat inverse. Et je vois trop bien que celles qui comptent le plus, parmi ces libertés, sont peut-être sur le point de nous être enlevées. Peut-être suis-je anormal en cela ? Si c'est le cas, je le revendique.

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