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L'Oeil du Selen
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20 juin 2016

La transition énergétique vers 100% de renouvelable est-elle faisable ?

J'ai voulu écrire cet article-dossier, pour essayer de me rendre compte par moi-même si tout ce qu'on me raconte à propos de la transition énergétique a quelque fondement. Et ce, tout particulièrement par rapport à l'utilisation des énergies renouvelables comme principal supplétif au nucléaire et aux hydrocarbures, à l'échelle de la France.

 

Selon certains, ce serait du tout cuit. Selon d'autres, c'est impossible, et nous allons dans le mur, à moins d'une révolution dans nos modes de vie. Je ne vous cache pas qu'intuitivement, je penche pour la seconde option, même si je pense que c'est probablement un peu plus nuancé. Nous allons donc voir ça.

 

Tout d'abord, il convient de préciser que je suis un total béotien en la matière, et que j'ai donc fait avec mes moyens pour défricher un peu. J'ai fait ça par le biais d'internet, plutôt qu'en cherchant des livres spécialisés qui m'auraient sûrement fait battre mon record de bâillements. Si des connaisseurs ou des spécialistes ont des compléments à apporter, ils sont les bienvenus. Leurs contributions pourront éventuellement être ajoutées en fin d'article sur mon blog, en gardant à l'esprit qu'il s'agit de vulgarisation pour le tout venant, sur un blog qui aborde d'habitude de tout autres sujets, et pour que chacun ait la possibilité de se rendre compte quelles sont réellement les données, et les bonnes questions à se poser, pour réfléchir au problème posé.

 

Notons enfin qu'on n'abordera pas des notions politiques telles que l'indépendance énergétique, pour se concentrer sur l'aspect technique des choix à faire.

 

Nous allons donc préciser quelques notions, pour les gens qui en sont au même niveau que moi.

 

 

 

A – Généralités sur l'énergie

 

I – Le transport de l'électricité

 

 

Tout d'abord, le plus simple, comment fonctionne un réseau électrique ?

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_%C3%A9lectrique

 

Bon, alors voilà, y a des fils, des grands poteaux, ahem.

 

En très gros : des centrales de production électrique partent des réseaux de câbles qui acheminent l'électricité à travers des transformateurs, qui permettent de faire varier la tension, et des postes électriques, qui agissent comme des échangeurs, ou carrefours électriques.

 

Ces câbles apportent l'électricité jusqu'aux différentes concentrations urbaines, où les centres de dispatching répartissent l'électricité dans le réseau local, vers les bâtiments résidentiels, commerciaux, industriels, etc.

 

Pour mieux se rendre compte de ce que c'est, il n'est pas inintéressant de jeter un coup d’œil au réseau de transport d'électricité en France, en notant au passage qu'il est connecté aux pays voisins. Nous verrons plus tard quelle incidence cela peut avoir sur le problème que je cherche à éclaircir.

 

http://www.rte-france.com/fr/la-carte-du-reseau

 

 

II – L'énergie, l'énergie primaire, et l'énergie finale

 

Mais attention, il est capital de comprendre que l'énergie ne se limite pas à l'électricité, et ce que veulent dire les notions d'énergie primaire, et d'énergie finale.

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_primaire

 

L'énergie primaire est l'énergie brute, c'est à dire l'énergie disponible dans la nature, que l'on doit extraire ou transformer, avant de pouvoir s'en servir.

 

Parmi les énergies primaires, on pourra citer l'eau, le rayonnement solaire, les ressources calorifères minières ou hydrocarbures (charbons, pétroles), le gaz naturel, la chaleur du sous-sol, le vent, le bois, la biomasse, etc.

 

Certaines de ces ressources primaires doivent être transformées en ressources ou énergies secondaires, pour pouvoir être transportées et utilisées, par exemple le gaz naturel est liquéfié pour être acheminé par gazoduc, puis retransformé en gaz une fois arrivé.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_finale

 

L'énergie finale est l'énergie consommée en bout de chaîne. L'électricité est l'une des formes de l'énergie finale, tout comme le gaz compressé dans les bonbonnes, ou qui sort de votre cuisinière, ou les copeaux de bois alimentant certaines chaudières.

 

Vous constaterez sur ces liens que c'est simple sans l'être, puisque même les conventions les mieux acceptées ne correspondent pas toujours aux faits mesurés, et ce pour des raisons d'intérêts et de lobbying (tiens tiens, se diront certains lecteurs de mon blog).

 

http://www.e-rt2012.fr/conversion-energie-primaire-energie-finale/

 

http://www.canty.fr/bao/equipements/energie-primaire-energie-finale-le-cas-de-lelectricite

 

 

 

 

B – Panorama de l'énergie en France

 

I – La consommation de l'énergie

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_en_France

 

En France, en 2014, et toujours selon Wikipédia, voilà ce que cela donne :

 

Primaire non-renouvelable : 44,4%

nucléaire 43,8 %

pompage 0.6 %

 

Énergie fossile : 47,5%

30,1 % de produits pétroliers

14,0 % de gaz naturel

3,4 % de charbon

 

Renouvelable : 10%

4,1 % bois

2,4 % hydraulique

0,9 % agrocarburants

0,6 % pompes à chaleur

0,5 % éolien

0,5 % déchets urbains

0,2 % photovoltaïque

0,4 % divers

0,4 % incinération

 

Solde d'exportations : 2%

 

 

Le tout est schématiquement réparti ainsi :

 

Ménages 30%

Industrie 20%

Transports 30%

Services 16%

Agriculture 3%

 

Et cela équivaut à une quantité énergétique de 144 millions de tep (tonnes équivalent pétrole).

 

Rappelons que nous parlons bien jusqu'ici de l'énergie primaire !

 

 

Pour ce qui est de l'électricité, cela donne :

 

Nucléaire 74%

Hydroélectrique 13,3%

Thermique/fossile 7,8%

Éolienne 2,8%

Biomasse/déchets 0,7%

Autres 0,9%

 

Représentant une quantité équivalente à 572 TWh (térawatts/heure), chiffre annoncé pour 2013, et 540 pour 2014.

 

Et voici les proportions d'énergies consommées sous leur forme finale :

 

http://ufe-electricite.fr/IMG/pdf/5.pdf

 

Et selon Wikipédia :

 

En 2014, la répartition par énergie est la suivante :

  • charbon : 3,7 %

  • produits pétroliers : 40,5 %

  • gaz : 20,8 %

  • électricité : 24,5 %

  • EnRt : 10,5 % (bois, agrocarburants, biogaz, déchets, solaire thermique, géothermie, etc).

 

 

Remarquons au passage que la branche énergie, consomme elle-même une part non-négligeable de l'énergie :

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mix_%C3%A9nerg%C3%A9tique

 

« En 2014, la consommation de la branche énergie a représenté 37 % de l'énergie primaire consommée (92,6 Mtep sur 249,6 Mtep) ; l'énergie consommée par cette filière est donc équivalente à près de 60 % de l'énergie consommée par les utilisateurs finaux. »

 

Et remarquons également qu'une partie de l'énergie primaire (environ 10%) n'est pas utilisée à des fins énergétiques, mais dans la construction des routes, la transformation pétrochimique, et autres produits dérivés du gaz, de la houille et du pétrole.

 

 

Pour finir sur ce chapitre, notons enfin cela :

 

« En 43 ans, la consommation d'électricité a été multipliée par 3,6, celle du secteur résidentiel-tertiaire par 7,5 et celle de l'agriculture par 3,3 ; celle de l'industrie ne s'est accrue que de 72 % et celle des transports de 116 %. La part de l'industrie est passée de 60 % en 1970 à 26,6 % en 2013 (avec la sidérurgie), alors que celle du résidentiel-tertiaire est passée de 33 % à 68,6 %. La désindustrialisation et la tertiarisation de l'économie se lisent clairement dans ces chiffres, ainsi que la multiplication des applications de l'électricité. »

 

 

 

II – Le mix énergétique

 

Attention, ne pas confondre avec le mix électrique, qui ne prend en compte que l'origine de l'électricité. Il s'agit de l'éventail des ressources d'énergies primaires consommées pour produire l'énergie finale.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mix_%C3%A9nerg%C3%A9tique

 

A ce stade, il est important de préciser que l'électricité primaire équivaut à la production d'électricité avant déperditions. C'est ainsi que la part d'électricité primaire dans le mix énergétique varie autour de 42-44%, alors qu'il n'est plus que de 24% au stade de la consommation finale.

 

http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/electricite-primaire.htm

 

http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/electricite-primaire/

 

 

Ainsi, le mix énergétique français est constitué de « 44 % d’électricité primaire, environ 30 % de pétrole et près de 15 % de gaz, le reste se répartissant entre renouvelables thermiques et déchets, et charbon, selon le bilan énergétique de la France en 2014. »

 

Le mix énergétique est connecté à des notions politiques et géopolitiques, puisqu'il dépend de l'énergie disponible ou rendue disponible, que ce soit par les échanges commerciaux, la prospection, l'exploitation des ressources locales ou des concessions dans d'autres pays, voire... obtenues par la guerre ou le pillage. Mais nous avons dit qu'il ne serait pas question de cela ici.

 

La prospective en matière d'évolution de la demande électrique influence également le mix énergétique, et spécialement dans le contexte qui nous intéresse qui est celui de l'abandon du nucléaire à terme, et donc de son remplacement par d'autres moyens, ce qui modifiera à la fois le mix énergétique et le mix électrique.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_en_France#Prospective_et_recherche

 

Divers scénarios sont proposés, mais pour aller droit au but, intéressons nous directement à un scénario en rapport avec les renouvelables :

 

http://www.ademe.fr/mix-electrique-100-renouvelable-analyses-optimisations

 

Selon l'ADEME :

 

« plusieurs mix électriques sont techniquement possibles pour satisfaire la demande chaque heure de l'année avec 80 ou 100% de renouvelables; »

 

D'accord. Seulement voilà, il y a beaucoup de problèmes non résolus : ces mix exigent une meilleure maîtrise de la demande que nous avons pour le moment, les coûts sont trop élevés, et l'acceptation par la société est problématique.

 

Ces solutions se heurteraient donc uniquement aux contraintes du réel, mais serait néanmoins techniquement possibles ? Nous allons essayer d'y voir plus clair.

 

 

 

C – Faisabilité d'une transition énergétique tournée vers le renouvelable

 

I – Le scénario 100% renouvelables de l'ADEME

 

Notons tout de suite que le scénario de l'ADEME n'en est qu'un parmi d'autres, et que les objectifs actuellement visés en sont très loin, puisqu'ils projettent une augmentation de la quantité d'énergie renouvelable passant de 12 500 ktep à environ 20 000 ktep entre 2012 et 2020. Soit une augmentation de seulement 60%, ce qui ferait passer la part du renouvelable de 10% à environ 15-16%. On est donc très éloigné des 100%, dans le processus actuel, des 100%, mais il s'agit certes d'un pas en avant.

 

Voici l'infographie du scénario proposé par l'ADEME, elle est relativement complète :

 

http://mixenr.ademe.fr/

 

Il serait trop long de commenter en détail. Je retiendrai, pour synthétiser :

 

- Que le scénario principal repose essentiellement sur l'éolien

- Sauf si « l'acceptabilité » par le public y fait obstacle, dans quel cas on privilégierait le solaire

- Cela impose une forte restructuration et décentralisation du réseau électrique

- Il repose sur un principe de stockage de l'énergie sous forme de gaz, dans les périodes chaudes

- Le système est censé s'adapter à toutes sortes de variations météorologiques

- L'équilibre import/export est prévu

 

Il m'est impossible d'objecter quoique ce soit à ce projet, n'y connaissant pratiquement rien en la matière, sinon les idées préconçues répandues par les uns et les autres. Je note cependant qu'en dépit du fait que tout semble avoir été bien pensé, cela impose un surcoût, estimé entre 2 et 5%, et l'on sait ce qu'il en est de ce type d'estimation, dans le domaine de l'électricité. Je pousserai même le vice jusqu'à demander : quid du surcoût induit par le report des coûts du nucléaire, ignorés jusque là ?

 

Un surcoût effectif final d'au moins 10% ne m'étonnerait pas.

 

Par ailleurs, relevons les limites que les auteurs du projet ont noté par rapport à leur méthodologie (ceci se trouve dans le pdf de synthèse) :

 

a) Il est impossible de tester l'effet de cas particuliers sur le réseau.

b) L'exploitation du réseau serait à remanier, ce qui ne relève pas de cette étude.

c) L'étude explore des scénarios qui ne tiennent pas compte de la transition du modèle actuel vers celui du scénario.

d) Les coûts en rapport avec le réseau pourraient être à ré-analyser.

e) Il y a possibilité d'inconsistance entre l'intérêt de la collectivité et des promoteurs, encore une fois sur le plan des coûts.

f) Certains impacts sur l'emploi, les filières, l'environnement ou l'indépendance énergétique ne sont pas traités.

 

Il ressort de tout cela, et notamment des points b, c, d et e, que les coûts sont impossibles à évaluer précisément, ce qui me renvoie au point que j'ai souligné plus haut.

 

Et c'est à peu près tout ce qu'on peut dire sur ce scénario, à moins de rentrer dans des détails fastidieux que je ne saurais pas comment trier de toute façon.

 

En résumé, le projet semble réalisable, à condition :

 

1) D'accepter d'amples changements du système électrique

2) D'accepter un surcoût très difficile à évaluer

3) De construire le scénario de transition énergétique qui manque à cette étude

 

Ensuite, encore faut-il savoir quelle société l'on veut, et aussi, réaliser que le changement est inévitable, sans qu'il passe nécessairement par ce scénario précis. Soyons réalistes : qu'on soit favorable ou non au nucléaire et aux énergies fossiles, on ne pourra pas indéfiniment se reposer dessus. Dans 30 ans, il n'y aura quasiment plus de pétrole, et lorsqu'on y regarde de près, cela participe déjà à déstabiliser le monde.

 

 

II – Considérations diverses

 

Avant de travailler sur cet article, mon projet était surtout de repartir d'une base de connaissance pour proposer mon propre modèle, sur des appréciations un peu à la louche. Je me rends pleinement compte que cela est hors de portée de mes compétences.

 

Par contre, je crois utile de s'attarder sur les réserves de l'étude de l'ADEME, entre autres.

 

La première chose que j'ai envie de souligner est : est-ce bien sérieux de monter une telle étude sans se pencher sur la transition ? Il me semble que c'est un point clef. Il faut forcément une planification pour remplacer telle ou telle centrale, réorganiser le réseau, etc. Et je me doute bien que cela est avant tout le boulot des pouvoirs publics, et que c'est un boulot colossal, néanmoins, proposer des pistes n'aurait que renforcé la vraisemblance de l'ensemble, sur lequel il y a tout de même matière à douter.

 

Je soulève rapidement la question des coûts, étant donnée la situation de crise structurelle du système que nous subissons tous, et qui affaiblit jusqu'à l'état. Il me semble que c'est un problème évident, et qu'il pose en lui-même des difficultés non pas insurmontables, mais qu'il serait aisées de sous-estimer. Dans un contexte comme celui que nous connaissons, la prédation financière étant ce qu'elle est, il y a fort à parier qu'un scénario de transition énergétique allant vers un accroissement des coûts, offrira sur un plateau un prétexte supplémentaire à des requins pour prendre en otage l'état et le peuple français, sous prétexte probablement de philanthropie, et avec tout le greenwashing nécessaire. Le point e) de leurs réserves le sous-entend d'ailleurs assez bien.

 

D'autres questions sociologiques seraient à poser, en rapport avec l'évolution des mentalités, l'enfumage autour du nucléaire, des gaz à effet de serre, mais on entre là dans le territoire glissant des planches vermoulues et des chausse-trappes idéologiques, que je réserve à mes autres articles.

 

 

 

ANNEXE : autres alternatives énergétiques à surveiller

 

Pour compléter cet article, je tenais tout de même à ne pas totalement m'enfermer dans l'idée de départ, et à examiner les autres options énergétiques qui pourraient se présenter selon un horizon raisonnablement proche. Aussi, pour les autres béotiens, voici ce que j'ai déniché.

 

 

La méthanation

 

Le concept de négawatt est aussi le nom d'une association qui propose des moyens d'optimiser l'utilisation de l'énergie, ainsi que des scénarios basés sur cette idée.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9gawatt

 

http://www.negawatt.org/association.html

 

L'association s'intéresse apparemment beaucoup au processus de méthanation :

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thanation

 

Un autre article Wikipédia cité dans cette page mentionne à ce sujet :

 

« le rendement énergétique d'une telle cascade de transformation serait médiocre, ces équipements auraient un taux d'utilisation trop bas pour être rentabilisés, et la récupération du CO2 nécessaire à ces opérations dans l'industrie ou dans les installations de production de biogaz parait fort hypothétique. »

 

Je cite ce point de vue sans pour autant m'y ranger. Les progrès techniques étant ce qu'ils sont, peut-être que des optimisations pourraient lui donner tort. Toujours est-il qu'un tel système semblerait tout de même rester au mieux marginal, d'autant qu'il n'est qu'un produit secondaire d'un autre procédé. A noter tout de même qu'en dépit de cela, il est au cœur du modèle proposé par l'ADEME, lorsqu'il s'agit de convertir l'électricité en gaz par ce procédé, et réciproquement. Si le commentaire cité juste au-dessus est juste, il suffirait à invalider ce scénario. Qu'en est-il vraiment ? Je n'en sais rien.

 

 

 

L'hydrogène

 

L'hydrogène n'est pas une source d'énergie, mais un vecteur d'énergie, à la manière des piles. Il faut donc le stocker, avant de pouvoir lui faire restituer de l'énergie. A noter qu'il intervient également dans le procédé de méthanation cité au-dessus.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_hydrog%C3%A8ne

 

Le principal problème est qu'il demande un gaz ou un hydrocarbure pour être synthétisé, à moins d'utiliser l'électrolyse, ce qui dans ce cas, réclame de l'électricité. Il ne s'agit donc pas non plus d'un mode énergétique autonome, d'autant que cela demeure encore coûteux.

 

La notion d'économie hydrogène pour remplacer le pétrole semble donc tout à fait utopique, du moins à première vue, bien que, si l'on observe que sa production actuelle à l'échelle mondiale, qui dépasse la consommation française, ce n'est pas une option à négliger pour autant.

 

Plus d'infos ici :

 

http://www.ifpenergiesnouvelles.fr/Espace-Decouverte/Les-cles-pour-comprendre/Les-sources-d-energie/L-hydrogene

 

http://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/hydrogene-energie

 

 

 

La géothermie

 

La géothermie est, me semble-t-il, bien connue, qui consiste essentiellement à récupérer la chaleur du sous-sol, pour en tirer de l'électricité.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9othermie#Applications_possibles

 

Je ne la mentionne que parce que c'est une énergie dont on parle peu, en comparaison du solaire et de l'éolien, alors que, pour ce que j'en sais, les perspectives à moyen et long terme sont non-négligeable, ce qui ne peut que soutenir les autres énergies renouvelables. Il est pourtant mentionné comme très mineur, dans le scénario de l'ADEME.

 

 

 

La fusion et le thorium

 

Je ne mentionne la fusion que pour la forme. Je m'y suis pas mal intéressé à une époque, et j'ai rapidement conclu que la plupart des projets basés sur la fusion sont dans une impasse (que l'on aurait pourtant pu éviter). Pour aller vite, il s'agit, techniquement parlant, de l'inverse de la fission nucléaire actuellement utilisée dans tous les réacteurs nucléaires, avec l'avantage que ce serait à la fois beaucoup plus efficace et entièrement propre (contrairement à ce qui se dit, l'énergie nucléaire par fission est probablement l'une des énergies les moins propres qu'on puisse imaginer, mais il y a tellement de stéréotypes de part et d'autres sur ce sujet qu'il vaut mieux s'arrêter là). Mais la recherche s'est enferrée dans une filière dont beaucoup estiment qu'elle est un cul-de-sac, bien qu'on s'obstine dedans, en dépensant des sommes faramineuses, alors qu'une filière bien plus prometteuse est laissée de côté.

 

https://blogs.mediapart.fr/lefrancois/blog/201014/loockheed-martin-z-machine-lenergie-de-fusion-des-2020

 

Article un peu optimiste, mais qui défriche bien le sujet.

 

Quant au thorium, qu'en dire ? Pour certains, ce serait le nouvel eldorado de l'énergie. Une autre forme d'énergie nucléaire « propre ». Le problème c'est qu'il faudra encore beaucoup de temps, malgré les estimations optimistes que l'on peut trouver ici et là, pour en faire un mode apte à remplacer l'existant.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Thorium#Industrie_nucl.C3.A9aire

 

Méfions-nous tout de même de ces allégations de propreté de ces énergies, surtout dans le cas du thorium. Alors que la fusion nucléaire utilise des atomes d'hydrogène (encore), le nucléaire au thorium utilise différents procédés, dont certains liés à l'uranium 233, avec un procédé de fission. Il s'agit donc bien dans ce cas de manier des matières radioactives, le thorium, lui-même radioactif, ne servant qu'à raffiner l'uranium pour obtenir l'isotope recherché. Par contre, la faisabilité de ce type de procédé est considérée comme démontrée, et il existerait d'autres méthodes, plus propres.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cycle_du_combustible_nucl%C3%A9aire_au_thorium

 

 

L'inde semble à la pointe de cette recherche :

 

http://www.lemonde.fr/planete/article/2007/11/16/l-inde-mise-sur-le-thorium-comme-nouveau-combustible-nucleaire_979192_3244.html

 

http://energie-nucleaire.net/situation/energie-nucleaire-indien.html

 

Alors, les premiers réacteurs au thorium en 2025 ? On verra bien...

 

 

 

 

Conclusions

 

 

On voir qu'il est difficile de cerner la faisabilité réelle d'un scénario de transition énergétique vers le renouvelable, même élaboré par des équipes de spécialistes. Leur scénario ne donne même aucune indication quant au temps qui serait nécessaire pour en arriver à la situation proposée. Ce qui m'a dissuadé de proposer mon propre scénario, qui aurait forcément souffert de nombreuses insuffisances.

 

Si l'on ne peut pas conclure sur ce point, on peut tout de même dire au moins deux choses.

 

Tout d'abord que ceux qui sont catégoriques pour répondre à ces questions franchissent les limites de la fumisterie. En effet, il ne suffit pas de déterminer que c'est faisable techniquement (ce qu'il me semble que l'ADEME fait), mais il faut aussi tenir compte de contraintes sociales et de données financières difficiles à évaluer, entre autres.

 

Deuxièmement que, précisément, un tel scénario semble tout de même en effet faisable, à condition de pondérer ce constat par les réserves que je viens juste de citer.

 

Par conséquent, et en tenant compte du fait que si l'on fait confiance à l'ADEME sur le fait qu'un scénario 100% renouvelables n'est pas plus coûteux ni contraignant qu'un scénario 40% renouvelables, et que de tels scénarios ne semblent pas poser problème, sur le plan de l'équilibre import/export de l'électricité, il serait dans notre intérêt (je parle ici de l'intérêt national) d'étudier de plus près les points qui sont encore flous dans le rapport de l'ADEME, ainsi que de faire ce qui est possible pour limiter l'augmentation des coûts, ceci dans la perspective d'une transition sur le modèle proposé par l'ADEME.

 

Il existe d'autres scénarios, qui m'auraient pris trop de temps et d'espace pour être traités, aussi suis-je resté sur l'analyse de celui-ci. Le débat reste donc ouvert sur cet aspect là également.

 

Pour finir, je ne prétends pas que mon article suffit à trancher la question, on en est loin. Par contre, il m'aura permis de me clarifier les idées sur ce sujet et, je l'espère, celles aussi de ceux qui me liront.

 

 

 

Précautions oratoires finales

 

 

Il faut encore préciser que cet article ne mentionne en aucune façon les travers des énergies renouvelables, qui ne sont pas sans poser des problèmes elles aussi. Il est important de se prémunir de tout angélisme à ce sujet. On peut légitimement s'opposer à un paysage infesté d'éoliennes que l'on dit bruyantes, et s'interroger sur l'impact environnemental de l'industrie photovoltaïque, et constater également que certains pays, comme le Danemark, commencent à reculer, concernant leur transition pourtant déjà largement entamée vers l'éolien. De même, j'ai cru comprendre que le photovoltaïque n'avait pas le vent en poupe, ce qui conduit à se demander si on a vraiment à faire à des énergies d'avenir. D'où mon annexe présentant d'autres alternatives éventuelles.

 

Mon article ne tient non plus aucun compte des notions d'épuisement des ressources, des polémiques pseudo-scientifiques sur le climat (néanmoins, le scénario présenté ici élimine aussi bien le nucléaire que les sources de CO2, comme ça « tout le monde » est content – sauf les pro-nukes j'imagine), et n'est en aucune façon un plaidoyer écologiste béat. J'ai eu envie de mener cette recherche essentiellement de part mon souci personnel et qui n'engage que moi (mais que je sais largement partagé) de sortir du nucléaire d'une manière rationnelle, et sans pour autant m'affilier à un quelconque mouvement politisé de ce genre, qu'il se dise écologiste, ou qu'il soit orienté par un lobby quelconque. En d'autres termes, il s'agit d'une préoccupation que certains qualifieront simplement de « citoyenne », vis à vis d'un sujet qui nous concerne tous.

 

Enfin, mon article ne fait aucune mention de la nécessité à venir (qui me semble évidente, et qui n'est pas une posture idéologique, ni même un principe) de réduire nos prétentions, en terme d'utilisation (qui a dit gaspillage ?) des ressources. La sobriété ne peut nous faire aucun mal, et je dis cela en dehors de tout moralisme.

PS : l'article est également en ligne sur agoravox, pour ceux qui seraient intéressés de voir les commentaires qui ont été postés là-bas.

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-transition-energetique-vers-100-182081#commentaires

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