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L'Oeil du Selen
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24 août 2017

Evolution des populations d'insectes et invertébrés - 2) Autres insectes

Nous avons parlé du cas emblématique des abeilles, mais qu'en est-il des insectes et invertébrés d'une manière générale ? Dans cet article, je vais passer en revue quelques cas qui permettent de donner une meilleure image d'ensemble de la question. Et d'abord, pour se rappeler l'importance des insectes dans l'écosystème planétaire, ceci :

 

http://www.insectes.org/opie/nombre-insectes-monde.html

 

Les insectes représentent les 3/4 du nombre des espèces, mais moins que cela en terme de biomasse, puisque l'on verra que les vers de terre représentent à eux seuls l'essentiel de la biomasse animale. Par contre, une grande partie de la biomasse restante est estimée comme constituée des fourmis... donc d'insectes.

 

http://mobile.secouchermoinsbete.fr/6619-les-vers-de-terre-premiere-biomasse-animale

 

http://secouchermoinsbete.fr/606-la-biomasse-des-fourmis-et-des-humains

 

Ces chiffres sont sans doute sujets à caution, car ils sont impossibles à vérifier, et le sensationnalisme est le second ennemi du « chercheur de vérité » (comme il est devenu coutume de dire), après le catastrophisme dont on a déjà parlé. Mais ils doivent constituer une approximation, même très grossière, qui donne une idée des rapports de biomasse animale sur notre planète.

 

Autre information difficile à vérifier, mais souvent corroborée par les simples automobilistes, on trouve un peu partout ce type d'articles :

 

https://fr.sott.net/article/30971-Mais-au-fait-ou-sont-passes-tous-les-insectes-ecrases-sur-nos-pare-brise

 

http://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/les-insectes-se-rarefient-pourquoi-cela-doit-nous-interpeller_631763.html

 

Notons qu'on y retrouve la même désinfo simpliste sur les abeilles dont il a déjà été question, mais concentrons nous sur le sujet principal.

 

Tout d'abord, j'insiste à dire que le problème est effectivement inquiétant s'il se confirme. Mon scepticisme ne doit pas être interprété comme une sorte de relativisme vis à vis de la problématique écologique, mais comme une volonté de mieux trier les informations qui sont presque invariablement présentées sous un travers sensationnel et alarmiste qui n'aide en rien la réflexion et la découverte de solution (qui n'est pas mon boulot, mais qui m'intéresse tout de même).

 

Ensuite, comment vérifier ce type d'info ? Difficile, puisque les sources et les études ne sont jamais proposées... Difficile aussi, car certains ont intérêt à privilégier des infos biaisées.

 

Exemples. Abonné à des newsletter sur la santé naturelle (pour améliorer ma formation en naturopathie), je reçois par exemple constamment des articles traitant de la catastrophe que constituerait la prolifération affirmée des tiques, et de la maladie qu'elles propagent (maladie de Lyme, alias borréliose). Ce serait horrible car elles seraient désormais partout, alors qu'avant elles étaient confinées à certaines régions. Quant on cherche des infos, les textes que l'on trouve sont aussi interrogatifs que soi-même :

 

https://www.notre-planete.info/actualites/4278-tiques-rechauffement-climatique

 

Interrogatifs, mais n'hésitant pas, comme pour le cas des moustiques tigres, à prétendre que le réchauffement climatique serait, comme pour le terrorisme et tous les autres maux de la planète (cf Macron) le principal responsable. Comme c'est pratique d'avoir un bouc-émissaire, une explication toute prête, pour tous les phénomènes néfastes qui nous menaceraient... pratique car cela évite la réflexion, l'investigation, et sert encore des intérêts.

 

Ainsi, pour la maladie de Lyme, bien réelle, l'intérêt est, pour les marchands de méthodes alternatives, de dramatiser la situation (déjà dramatique, y a-t-il besoin d'en rajouter?) pour mieux vendre des produits, bouquins et solutions toutes faites à un problème qui dépasse la médecine classique, il est vrai toujours en retard d'un wagon et captive de « big pharma ». On profite de la faillite d'un système pour se présenter en sauveur, et cela brouille encore les cartes...

 

Contrairement à ce qui est affirmé concernant l'impossibilité des tiques de survivre en altitude supérieure à 1000 mètres sans influence climatique, j'en ai presque toujours observé dans ma région, y compris au delà de 1000m. Il est possible que le phénomène ait pris de l'ampleur en effet, à moins qu'il soit soumis à des phénomènes de vagues. Ainsi, les témoignages de personnes qui ont connu telle année une invasion de tiques qui ne s'est pas forcément reproduite les années suivantes ne manquent pas. Je peux personnellement témoigner de ce phénomène, concernant les mouches, qui infestaient mon coin depuis des années, et ont disparu sans raison perceptible cette année. J'aurais tendance à en déduire, sans tirer de généralités à partir de mon cas et de quelques autres, que la variabilité des populations d'insectes est naturellement très forte à la base, mais qu'on ne se garde pas, justement, d'en tirer des conclusions qui confortent d'autres fausses certitudes que certains ont intérêt à propager.

 

Pour le cas des moustiques tigres, vecteurs potentiels de Chikungunya, et envahissant désormais le territoire métropolitain français, le réchauffement climatique est encore présenté comme le seul responsable :

 

http://vigilance-moustiques.com/rechauffement-climatique-facteur-nouveaux-virus/

 

https://www.humanite.fr/moustiques-tigres-ou-se-trouvent-ils-et-quest-il-fait-contre-leur-proliferation-604714

 

http://www.futura-sciences.com/sante/actualites/medecine-moustique-tigre-dengue-chikungunya-presents-france-metropolitaine-43467/

 

Ce sont des maladies tropicales, alors c'est forcément le climat le responsable. Euh, attendez... Que décèle-t-on dans ces articles ?

 

« Ainsi, les déplacements entre les territoires Outre-mer et la Métropole favorisent de manière importante l’apparition des moustiques vecteurs de virus dans les zones tempérées. »

 

« Le nombre de cas importés de chikungunya et de dengue en France métropolitaine est essentiellement déterminé par le contexte épidémiologique international et le flux des voyageurs des zones où ces virus circulent. Avec l'extension de l'implantation du vecteur vers d'autres régions métropolitaines, une réflexion sur une évolution du plan antidissémination du chikungunya et de la dengue doit être envisagée », concluent les auteurs du BEH. »

 

Ah. Hum... c'est un peu différent alors... Cela veut dire que les gens sont contaminés par des voyageurs déjà infectés, par le biais de moustiques qui ont voyagé dans des avions, bateaux, soutes, etc. En fait le responsable serait alors plutôt le trafic touristique et de transport international, sinon comment expliquer qu'il y ait des poches en région parisienne sans que le pourtour soit touché ?

 

En somme, tout est comme cela a toujours été... Le transport et le commerce importent des rats, des araignées, des espèces de fourmis, termites et autres insectes non endémiques, comme le cas des frelons asiatiques en Europe, ou des abeilles africaines en Amérique... Mais on incrimine invariablement le climat, quand bien même ces espèces sont en fait dans des zones climatiques leur convenant en fait parfaitement, sauf que pour certaines, on le découvre seulement maintenant. C'est par exemple le cas des moustiques en général, qui prolifèrent dans des régions froides telles que la Sibérie. On peut aussi envisager que certaines espèces, comme les tiques ou autres, s'adaptent génération après génération, et profitant de la perte de biodiversité et de la baisse de densité de la population d'insectes, investissent tout simplement de nouveaux territoires où leurs prédateurs ont disparu ou n'ont jamais existé, puisqu'il n'y allaient jamais, et que leurs prédateurs n'avaient donc non plus aucune raison d'y être. Seulement les insectes évoluent à un rythme plus élevé que les espèces complexes comme les oiseaux et les mammifères, et donc potentiellement plus vite que certains de leurs prédateurs. A-t-on pris cela en compte ?

 

Autre problème pouvant expliquer cela, les insectes s'adaptent aux pesticides et y développent des résistances comme on l'a observé sur de nombreux moustiques. Si le développement de ces résistances est asymétriques entre les insectes, et que certains s'adaptent plus vite, ils acquièrent un avantage sur d'autres, et prolifèrent plus vite que ces derniers dans les endroits où ces pesticides sont utilisés. Leur prolifération peut ensuite éventuellement faire boule de neige dans des zones annexes, ou dans les zones où ils sont transportés.

 

J'en profite pour mentionner le cas particulier du pou rouge, relatif au scandale récent sur le fipronil :

 

https://www.santenatureinnovation.com/oeufs-contamines/

 

Beaucoup de commentateurs sont en désaccord avec le propos de l'article, qui a pourtant comme mérite de remettre les choses en perspective et de proposer un peu d'esprit critique. Si même le bio utilise des produits semblables, on peut en effet se poser des questions, mais il faut aussi savoir qu'il existe des produits de grande consommation qu'on trouve en magasins spécialisés (jardinage et animalier) qui tuent entre autres le pou rouge ainsi que d'autres espèces communes ayant tendances à causer des infestations (puces, moucherons, etc.). Avez-vous déjà observé à quelle vitesse ce type d'infestation peut se produire ? Une infestation de moucherons peut produire des centaines d'individus en seulement une semaine, je l'ai vécu personnellement, en pleine ville. C'est ça, les insectes. Des éclosions rapides, potentiellement massives, qui peuvent être très impressionnantes, et donner une fausse impression d'infestation durable et généralisée. On s'étonnera que le problème ait disparu en un an, voire en quelques jours... ce qui n'empêchera pas les médias de faire des titres sensationnels et trompeurs. Surtout s'il y a quelque chose à vendre : du papier, des médicaments, des produits, des bouquins et j'en passe. Dramatique époque de tromperie et de consommation où le livre sensationnel est devenu un moyen de survivre pour des colporteurs vivant dans une relative pauvreté et allant à la méthode la plus simple et la plus vendeuse pour des masses en mal de solutions et de sensations.

 

En tout cas, là aussi les impressions peuvent être trompeuses. Les articles des dernières années qui mentionnent la raréfaction des insectes au cours des dernières décennies estiment que le phénomène est récent car, de mémoire d'homme, on peut le constater. Impression confirmée par des gens de mon entourage entre 30 et 45 ans. Aucune de ces personnes n'avait son permis de conduire avant 1990. Or que trouve-t-on en fouillant juste un peu ? Une étude de 1979 qui affirme que le problème avait déjà commencé :

 

http://www.insectes.org/opie/pdf/1123_pagesdynadocs4b5088d75909e.pdf

 

Qu'y lit-on ? Que la raréfaction voire la disparition de certains insectes y est « sans conteste », dans certaines régions. On cite la région bordelaise, des régions de montagne, l’Ardèche, etc. On cite aussi des causes comme « la sécheresse ». Aujourd'hui, on dirait « changement climatique » pour nommer cela. Cependant on trouve l'expression « conditions climatiques » tout aussi floue, mais moins politiquement orientée. Autre note intéressante, on parle de « recul vers le sud de certaines espèces depuis l'âge du bronze ». Se base-t-on sur des études statistiques partant de l'âge du bronze jusqu'à nos jours pour établir cela ? Ou compare-t-on avec des textes anecdotiques d'auteurs de l'époque nos études statistiques modernes, sans doute elles non plus pas exemptes de biais ?

 

Je passe sur les détails mais je dois encore mentionner le cas d'espèces australiennes mentionnées jusqu'en France, les cas de pullulations soudaines dont j'ai déjà parlé et qui s'expliquent simplement par la nature même de la reproduction des insectes. On parle déjà de perte de diversité, d'appauvrissement des biotopes, mais aussi de l'extension du territoire d'autres espèces, tandis que d'autres régressent.

 

Et l'on se dit alors que tout cela ressemble étrangement à ce qu'on observe 40 ans après, et que peut-être, finalement, cela a toujours été, car c'est conforme à la dynamique de la population des insectes ?

 

On remarque aussi comme le discours sur les insectes change en fonction de la superposition de l'hystérie climatique, sans pour autant qu'on remarque des différences dans les constats et dans les explications probables, dans lesquelles le changement climatique ne doit jouer qu'un rôle assez mineur. Ou s'il n'est pas mineur, c'est qu'alors les insectes ont toujours fluctué en accompagnant les variations climatiques qui sont la seule constante du climat.

 

Les insectes sont à la fois très fragiles individuellement, et très résilients collectivement. Ils sont vulnérables à des variations minimes du temps et des conditions, aux produits, et cela peut faire varier leur population, mais sur des échelles de temps, et si des espèces et des populations peuvent effectivement disparaître, ce n'est que pour être remplacées par d'autres. Aussi je m'interroge sur ce constat actuel sur les insectes sur les pare-brises. Ce constat est-il réel ou est-il le résultat d'un effet Mandela ? Peut-être est-il réel et seuls des populations d'insectes volants ont diminué ? Peut-être justement à force d'être rasées par les voitures et de se brûler dans des lampadaires, entre autres ? Ce qui expliquerait que, par l'extension constante des zones urbaines, on fasse proportionnellement diminuer la population des insectes, dans les endroits où les voitures roulent le plus. Et donc le constat que moins s'écrasent sur les voitures s'expliquerait alors très simplement, puisque le flot de voitures ne diminue jamais, et a même constamment augmenté depuis les années 50, en France. Cette cause est d'ailleurs citée dans l'étude en question, mais on ne la mentionne même plus de nos jours. Pourtant ce sont probablement des milliards et des milliards d'insectes qui ont été tués ainsi, et s'ils se reproduisent très vite, le réservoir vivant n'est pas plus infini qu'un autre. Par ailleurs d'autres causes proposées expliquent que les bords des routes et des zones de trafic et d'agriculture sont naturellement vidées de leurs populations d'insectes par destruction du biotope, et pas seulement par les produits déversés. Les lampadaires sont aussi cités comme tueurs : dans les régions tropicales, ils tuaient des brouettes d'insectes par nuit, et là non plus, le réservoir n'est pas infini, d'ailleurs cela n'a duré que trois années, preuve que cela peut aller assez vite, même dans ces régions.

 

Les invasions centenaires ou bi centenaires sont également mentionnées dans cette étude (on pensera ainsi aux sauterelles africaines) qui doivent résulter d'un phénomène de résonance cyclique qui fait qu'au bout d'un certain nombre d'années et d'accumulation de certaines conditions, tous les facteurs sont réunis pour un phénomène spectaculaire, sans qu'il soit question d'incriminer le réchauffement climatique ou même un déséquilibre quelconque créé par l'homme seul.

 

Notons aussi que la démoustication à des fins d'expansion du tourisme a déstabilisé des biotopes entiers, ce qui pourrait avoir largement favorisé l'invasion du moustique tigre par le sud, actuellement. Là encore, on peut donc expliquer le phénomène sans avoir à recourir au bouc-émissaire climatique devenu habituel, par contre cette fois c'est une autre influence de l'activité humaine dont on ne parle pas qui serait la principale responsable.

 

Bref, l'étude de 1979 est riche d'enseignements auxquels on n'ose même plus penser aujourd'hui, et il faut en lire les conclusions pour se rendre compte des idées fausses et simplistes que nous avons tendance à alimenter pour ne pas regarder les choses en face, y compris le simple fait que la circulation routière est massivement tueuse d'insectes. Les méthodes agricoles et sylvicoles, et pas seulement l'épanchement de produits, sont elles aussi destructrices, en faisant disparaître les biotopes auparavant riches en insectes, et en faisant cela, elle cause des déséquilibres qui non seulement contribuent à limiter les populations d'insectes, mais en plus, en ce faisant, ouvrent des espaces entiers à des invasions potentielles qui ne demandent que cela.

 

Pour terminer cette partie, un autre article de 1987, plus succinct, qui avance des raisons similaires, et pose aussi d'excellentes questions sur nos méthodes et sur l'éducation en la matière :

 

http://www.insectes.org/opie/pdf/1395_pagesdynadocs4b8fc0e581c4f.pdf

 

 

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Commentaires
C
L'évolution du nombre d'insectes écrasés sur la face avant des voitures depuis 40 ans ne me semble pas très pertinent et source de biais importants:<br /> <br /> - évolution des voies de circulation: <br /> <br /> . depuis 40 ans la plupart des routes ont été élargies tant au niveau du ruban d'asphalte que des bas-cotés éloignant d'autant les "réservoirs" à insectes. Le développement du réseau autoroutier avec ses larges bas-cotés herbeux (coupés régulièrement) en est un autre exemple<br /> <br /> . l'urbanisme grandissant autour des axes de communication est aussi un élément non négligeable "d'éloignement" et de diminution locale des populations d'insectes<br /> <br /> . la restriction de la vitesse est aussi un élément pouvant diminuer les impacts.<br /> <br /> - évolution des voitures: l'énorme amélioration des Cx et sCx des véhicules modernes (et même des camions et cars). Les flux d'air déplacés par un véhicule moderne en mouvement sont beaucoup plus linéaires, moins turbulents avec une important diminution des zones de contacts frontaux, diminuant d'autant les probabilités de heurts avec des particules en suspension dans l'air (insectes volants). Sauf exception, les voitures des années 70 était de véritables "murs" aérodynamiques. Et si vous considérez les qq exceptions, je me souviens de la CX (Citroën) de mon père, il y avait très peu d'insectes écrasés sur le pare-brise (très incliné sur cette voiture) alors que le pare-choc, ses butoirs, les phares et la calandre étaient de véritables cimetières à insectes...<br /> <br /> <br /> <br /> Pour que l'argument des insectes écrasés sur les voitures soit pertinent, il faudrait prendre une voiture des années 70, effectuer un trajet dont les voies et l'environnement immédiat n'ont que peu changé depuis les années 70 et à une vitesse telle qu'utilisée dans ces années (souvent plus rapide que maintenant, les limitations étant peu respectées...). Bref, on en est loin!<br /> <br /> Mais c'est un argument pratique, que tout le monde (ou presque) peut apprécier et qui fait jouer en grande partie l'émotionnel d'une situation passée souvent jugée " meilleure" par rapport à maintenant...
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