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L'Oeil du Selen
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1 avril 2018

Division, spiritualité et avenir (1/2) : une humanité sans division ?

 

Je voudrais ici mener une réflexion de fond qui, au départ, est toute personnelle, mais fait clairement écho au propos général de mon blog.

 

Mais tout d'abord je profite de cet article pour dire que je suis en instance de déménagement, ce qui m'occupe depuis quelques semaines déjà, et se prolongera encore durant quelques semaines, ce qui fait que j'ai moins de temps pour travailler sur le blog. J'ai aussi quelques préoccupations autres qui contribuent à pomper mon temps et mon énergie, mais j'espère pouvoir reprendre un rythme normal d'ici un mois. J'ai notamment pas mal de matière déjà pour un ou plusieurs numéros de la démarche de curiosité, mais ce sera pour plus tard.

 

En attendant, je vous propose de vous emmener dans cette réflexion, dont le but n'est évidemment pas d'être exhaustif et encore mins d'aboutir à une conclusion ferme et définitive, mais plutôt d'explorer des pistes à propos de la question de la division, déjà soulevée dans ma précédente revue de presse et internet.

 

Il me faut d'abord dire que cette réflexion est née d'un débat dans une liste de discussion, où les désaccords étaient très profonds au départ, pour aboutir à une fin moins tranchée, même s'il était clair que nous ne nous comprendrions jamais totalement.

 

Le sujet de la discussion a peu d'importance. Ce qui importe est, je crois, l'état d'esprit divergent des participants de la discussion, qui aurait pu se ressentir sur à peu près n'importe quel sujet. Il faut simplement savoir que cela portait sur des thèmes importants de la société actuelle, qui ont tendance à agiter des émotions plus ou moins conscientes et plus ou moins admises, comme la peur, l'envie, l'espoir, etc. On parle d'écologie, d'avenir, de l'attitude à tenir face à la vie et aux événements. C'est donc assez universel, assez profond et assez particulier à chaque individu.

 

La raison pour laquelle je veux développer ce point est que, au risque de me tromper, je crois qu'il y a, justement, une erreur majeure d'attitude par rapport à la vie en général, chez énormément de gens qui militent pour une cause ou qui essayent de véhiculer des idées optimistes à propos de l'avenir. Attention, je ne suis pas du tout en train d'essayer d'ériger en modèle mon propre « art de vivre ». D'abord, je n'ai aucun art de vivre au sens propre du terme, ensuite je suis le premier convaincu que je fais pas mal d'erreurs au quotidien. Aussi, l'exploration que je fais est censée m'être utile à moi-même en premier chef pour tenter d'améliorer ce qu'on pourrait appeler mon « chemin de vie ».

 

Dans cette réflexion menée dans une série d'articles, il sera donc question de philosophie, de chamanisme, de spiritualité, mais aussi tout simplement de vie pratique. Le but étant, peut-être illusoire, nous verrons bien, de dénouer quelques sources de division à l'aide du verbe et de la pensée qui le dirige.

 

 

La division est-elle inhérente à la nature humaine ?

 

Je ne veux pas inonder cette réflexion de liens d'articles et de vidéos. Je l'ai nourrie par un certain nombre de lectures, de vidéos dont certaines durent 3 heures ou plus, et je ne voudrais pas noyer le lecteur sous la quantité, déjà que mes textes peuvent être assez longs. J'essaierai donc de garder la substantifique moelle de ces sources que je ne citerai que dans la seconde partie, et pas forcément toutes.

 

Cette première question, je me la pose souvent en observant l'histoire humaine, tout simplement. Il ressort de certaines observations que les religions, notamment, ont été créées pour engendrer un formatage de la population. On pourrait arguer à ce sujet que la religion pourrait, par l'uniformisation des comportements, engendrer un monde sans division, où tout le monde aurait le même modèle du monde, le même code moral et de comportement (les interdits et obligations alimentaires, vestimentaires et autres servent avant tout cette fonction). On observe que c'est le contraire. En voulant obliger des populations entières à suivre une norme, les religions ont engendré quantité de divisions. C'est que l'énergie du vivant reste plutôt spontanée, et à part chez les individus les plus conformistes et les moins critiques, il reste difficile d'accepter des obligations dont la plupart vont de l'absurde à l'arbitraire, pour dire les choses franchement.

 

Ainsi, les religions ont engendré l'anti-cléricalisme, et se sont toutes divisées en écoles, en sectes et en tendances qui s'opposent parfois violemment. Ai-je vraiment besoin d'illustrer par des exemples ? Pensons simplement au moyen-orient, à l'Irlande, à la saint-Barthélémy, aux croisades, à la condition du Tibet. Considérons aussi que certains régimes politiques – voire la plupart – ont une vocation religieuse, même lorsqu'ils ne se réclament pas d'une religion. Pensons au communisme qui opprima toutes les communautés religieuses et essayé d'imposer un culte de la personnalité, pensons aux régimes islamistes, pensons au culte de l'argent et de la réussite dans le capitalo-libéralisme, et ainsi de suite. Il y a toujours une tentative d'imposer des « valeurs », des comportements, voire une morale, et d'en interdire d'autres qui s'y opposent. Ainsi le conflit en Inde et au Pakistan qui oppose des hindous à des musulmans n'est pas vraiment différent de la lutte géopolitique qui opposa le capitalisme au communisme soviétique.

 

On constate souvent que des oppositions politiques ou religieuses ont en fait des origines culturelles. Là aussi il serait trop long d'illustrer par des exemples, mais on pourra parler du conflit israélo-palestinien, ou encore des conflits littéralement ethniques qui existent dans beaucoup de pays, comme les USA, où le statut des « WASP » est très différent de celui des noirs ou des latinos. On remarque qu'il y a toujours une fracture dans les comportements comme dans le statut social de ces groupes, à l'intérieur de ces pays, qui découle le plus souvent de références culturelles différentes qui semblent plus ou moins incompatibles.

 

Est-ce un hasard si l'un des sempiternels point de désaccord entre la mentalité dite de gauche et celle de droite porte sur les questions du racisme et de l'immigration ? Il faut se poser la question : les humains peuvent-ils réellement vivre ensemble et en bonne entente avec des conceptions du monde totalement différentes ? Car il ne faudrait pas croire que cela se résume à une question de couleur de peau, par exemple. Si la division humaine se résumait à cela, ou au genre comme certains idiots et hystériques veulent le croire et le faire croire, les choses seraient relativement simples, en somme, et il n'y aurait pas de conflits ethniques entre noirs en Afrique et entre sémites au moyen-orient (les arabes sont sémites, comme les juifs).

 

Une autre question à se poser : est-il réellement souhaitable d'uniformiser et d'assimiler l'entièreté de l'humanité, y compris les peuples primitifs, les aborigènes ou les inuits à une idéologie globale ? Il s'agit d'une tendance d'une extrême violence qui nous dévore tout autant que ceux que j'ai cités. Nous avons déjà largement perdu notre culture, nos références vitales à la nature et notre connexion à celle-ci, de sorte que nous sommes des proies pour le globalisme matérialiste-dématérialisé, qui porte sa propre idéologie qui est une religion, et qui, comme toute religion, est anti-spirituelle.

 

C'est un point qui a été facilement intériorisé du côté « droit » du spectre politique, et qui reste dénié du côté gauche, dans un refus pathologique qui confine vraiment à l'idiotie. Est-ce que nous ne gagnerions pas, plutôt qu'à cultiver des particularismes, à se rejoindre sur un tel point qui me semble faire sens et devrait faire consensus ?

 

Mais voilà la difficulté. Si l'humanité est en quelque sorte vouée à la division, chacun, au sein d'elle, ne peut voir les choses qu'à travers le prisme de sa propre division, notamment lorsqu'il est question, paradoxalement, de le fondre dans une uniformisation générale qui le perdrait alors. A moins que cette uniformisation nous sauve de nos divisions ? Je n'y crois pas. Je crois plutôt que chacun ne peut s'accomplir que dans ce qui lui est propre. On se perd dans la religion, dans le formatage, et on se trouve non pas dans l'individualisme, mais dans la découverte de sa propre individualité. Bref, l'on voit qu'il y a deux tendances contradictoires naturelles que nous ne savons pas accepter, comme deux forces qui maintiennent un équilibre : c'est parce qu'il y a la gravité que nous tenons les pieds sur Terre, et c'est parce qu'il y a une force égale en réaction que nous restons debout sans être écrasés par cette gravité. Or il me semble qu'actuellement, l'humanité terrienne est à un tournant où elle est partagée entre la gravité et la résistance absolue à cette gravité. Il y a forcément un entre-deux raisonnable et viable, qui permet à la fois d'accepter le monde moderne, avec tous ses défauts, et de s'y accomplir sans céder à ses exigences les plus absurdes. Si ce n'était pas le cas, nous aurions succombé à la folie dès que nos traditions ont été modifiées ou égratignées.

 

Et ceci est un point aveugle, du côté droit du spectre politique... où l'on s'accroche aux traditions comme une bouée de sauvetage, comme la condition de notre survie. Les choses sont plus complexes : les traditions sont des repères culturels, et ils appartiennent donc à une culture qui porte en elle les germes de la division. Les traditions sont utiles en tant que repères, il est bon de les garder en vue, mais il est sans doute stupide de les sacraliser. Ce qui ne signifie pas qu'il faille accepter de les laisser souiller et broyer par le modernisme, qui porte lui aussi les germes d'une nouvelle division. Ce que je dis évoquera probablement les débats actuels sur les migrants, le « grand remplacement », etc.

 

 

Quelques mises au point personnelles

 

 

Avant d'aller plus loin et d'attaquer la seconde partie, je ressens le besoin de quelques précisions, qui concernent globalement ma façon de voir les choses et de m'exprimer, sachant les incompréhensions que cela peut susciter, ici et là.

 

Nous vivons dans une époque assez particulière, qui propose des défis uniques. Ces défis sont pour un grand nombre d'entre nous des écueils et des sources de souffrance que nous tentons de résoudre par différentes attitudes qui ont leurs points forts et leurs points faibles. J'ai toujours tendance à critiquer les points faibles et à laisser de côté les points forts, mais j'ai une excellente raison à cela : la critique dite positive a tendance à encourager les gens dans l'erreur et à garder dans l'ombre les angles morts qui peuvent conduire une attitude à des échecs et à des souffrances qui auraient pu être évités par une critique plus lucide et sans compromissions avec le réel. Cela peut-être perçu comme de l'agressivité, de la prétention, ou encore de la malveillance ou du négativisme. Il n'en est rien. Au contraire, je reproche à la critique dite positive (qui a aussi de bonnes raisons d'exister, pour fournir du courage, de la motivation, etc., il en faut) de consister la plupart du temps en une manipulation qui est typique de notre temps. Puisque les défis que nous affrontons aujourd'hui sont si effrayants, il nous faut nourrir l'espoir, le courage, l'enthousiasme, quitte à renforcer les réactions contraires en cas d'échec, quitte à nourrir une sorte sournoise de pathologie mentale qui ressort d'un certaine aveuglement. Aveuglement assez propre à l'humain, certes, qui le conduisit tant de fois à faire fi des dangers lorsqu'il s'agissait d'affronter les océans, les montagnes, les défis technologiques, etc. Pour le meilleur et pour le pire, donc.

 

Le problème ici est que toute émotion dite positive, comme dans toute division duale de l'esprit, porte en elle le germe de la réaction négative qui lui correspond.

 

Cela est valable dans l'autre sens : lorsque je critique négativement, cela fournit à celui qui reçoit la critique des ressources pour réagir positivement à cette critique. Lorsque cette critique est mal reçue, je reçois en retour des réactions agressives, mais celles-ci me donnent l'opportunité de me renforcer, de m'améliorer, de peaufiner ma critique, ma communication.

 

C'est en cela que ce que j'appelle le positivisme m'exaspère. C'est la caresse qu'on donne à d'éternels enfants qui ont besoin d'encouragements, sans quoi ils ne semblent pas aptes à trouver la force en eux.

 

Entendons nous bien. Je ne prône pas un monde où tout le monde se critique négativement à longueur de temps. Il faut de la joie et du sourire, de la folie, de l'engagement, tout ce qu'on veut. Mais il faut être conscient que cette énergie vers l'avant porte à la fois le germe de la fuite vers l'avant et du découragement qui naît d'avoir manqué de lucidité et d'éléments qui auraient aidé l'entreprise au départ. La critique négative aide à découvrir les défauts d'une entreprise, et la critique positive fournit l'énergie utile à son accomplissement. Rejeter la première est plutôt le signe d'un esprit manquant de réflexion, baignant trop facilement dans la pensée magique qui, non, ne peut pas se suffire à elle-même.

 

Mon attitude est alors souvent comprise comme un « aquoibonisme » alors qu'il s'agit de tout sauf ça. Je conspue le fatalisme, mais je pense que le réalisme est absolument nécessaire. L'homme n'a pas conquis la planète avec sa simple bonne volonté, et il ne résoudra pas les défis actuels juste en essayant. Il lui faudra aussi du discernement, du savoir-faire, la capacité d'apprendre de ses erreurs (qualité qui semble manquer jusque chez les plus fervents écologistes qui n'ont toujours pas compris que le développement durable est une arnaque intellectuelle absolue et un écueil incontournable).

 

Alors on me considère facilement comme un oiseau de malheur et une Cassandre, mais croyez-moi, lorsque je vois les enthousiastes de l'énergie libre, de l'« agriculture de demain » ou de la « communication non-violente » comme solution à tous les maux de l'humanité, et que je prévois l'échec inévitable de toutes ces stratégies que je critique, je ne me réjouirai pas lorsque je les verrai échouer. Je ne trompetterai pas « je vous l'avais bien dit », même si je serai très tenté de le faire. Au contraire, je me désolerai de cet enthousiasme gâché, de ces fausses pistes arpentées par tant de gens qui croient encore qu'il y a des lendemains qui chantent dans une écologie joyeuse et communautaire. La vie agricole a toujours été très dure et elle le sera toujours. Ce n'est pas pour rien si l'exode rural a vu tant de paysans fuir la campagne : ils visaient l'eldorado urbain, où ils sont pourtant devenus de simples prolétaires où leur savoir-faire n'avait plus aucune utilité ni aucun sens, et où leur connexion avec la nature et ces cycles n'était plus qu'un handicap que l'évolution récente à fait en quelque sorte disparaître.

 

C'est le triste chemin de l'humanité que je constate, simplement. Ce n'est pas du mauvais esprit. C'est la conscience de la difficulté des choses, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas les entreprendre. Mais cette conscience doit servir... Et elle doit servir à alerter ceux qui croient qu'il existe une voie facile, une harmonie toute trouvée avec la nature. Chimère de citadins s'il en est. De citadins qui fuient la ville à 50/60 ans, et qui pensent qu'ils auront l'énergie de cultiver pour leur famille dans 10 ou 20 ans, eux qui n'ont jamais vu un jardin... Jamais perdu une saison ou une année de récoltes, et qui apprennent la campagne dans des livres ou sur youtube...

 

Mais je suppose qu'après tout je ne suis personne pour les décourager, ce qui n'est pas mon but, faut-il le répéter ? J'agis en esprit noir, familier avec l'ombre, qui accepte de voir les zones sombres et effrayantes, qui inspireraient à bien d'autres la simple envie de se crever les yeux pour ne pas voir les choses en face. Et l'on a toujours cloué les hiboux et les chats noirs, de mémoire de chrétien. J'en suis bien conscient.

 

Donc voilà, pour résumer cette partie, je dirai simplement qu'il ne faut pas confondre critiques et récriminations, aquoibonisme et lucidité, qu'il faut réaliser que l'espoir et l'enthousiasme peuvent, chez certains, être d'abord une fuite et le résultat d'une agitation psychique, d'une peur, et qu'on fait bien peu de choses constructives dans la peur, surtout lorsque laissée enfermée dans l'inconscient. Je dirai aussi qu'être « positif », c'est bien souvent juste se construire un sourire de circonstance en toute circonstance, un masque et une attitude d'autruche. Le refus d'entendre la critique, la garantie d'un échec. Sombrer dans la dictature du bonheur : croire que bonheur et réussite sont un dus à celui qui « va de l'avant », qui « essaye », croire qu'il n'y a pas d'échec possible quand on vit avec le sourire. J'en ai vu, des dépressifs et des alcooliques de ce genre, pardonnez-moi, je ne vous souhaite pas cela, tout au contraire.

 

Et pour terminer, une fois de plus je dirai qu'aucune attitude qui repose sur une émotion ne peut être durable... Que ce n'est pas avec la bonne volonté, ni avec l'énergie de l'espoir ou du désespoir que l'on construit un monde meilleur. Avec ces façons là, on s'inscrit seulement dans les drames de l'humanité. Ce qu'il faut, pour en finir avec ce dramatisme, justement, car ces idéalismes écologistes se nourrissent avant tout du catastrophisme (le pire n'est jamais sûr, et cela s'applique aussi à mes prévisions négatives), c'est un véritable changement de mentalité profond et massif, c'est à dire qui affecte les masses comme la télé, la voiture ou les journaux ont pu le faire. Autant dire qu'on n'est pas couchés, mais c'est là la véritable tâche qui nous attend. Faire son petit coin d'Eden à soi, moi je veux bien, mais ce ne seront pas à ceux qui auront éventuellement réussi cela qu'on devra l'histoire prochaine : c'est à ceux qui auront réussi à renverser le paradigme civilisationnel, médiatique, politique, scientifique et social que l'on vit aujourd'hui. A ceux qui auront œuvré pour une lucidité propre à transcender les clivages actuels, souvent très artificiels et pourtant très inscrits dans notre histoire, d'où la difficulté.

 

 

Si l'humanité doit réellement rebondir, ce n'est pas dans des niches idéalistes qui ont toujours existé, et qui refusent de considérer le monde et d'entendre certaines voix, c'est dans la réalisation d'une nouvelle révolution, qui elle, devra se situer sur le plan spirituel. Et c'est ce que je tenterai d'explorer dans ma seconde partie.

 

 

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