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L'Oeil du Selen
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29 août 2019

L'arrogance de la pilule rouge ou bleue

 

Juste un « petit » billet d'humeur avant le prochain article de la démarche de curiosité qui a pris un peu de retard sur ce que j'aurais voulu, mais je vais tâcher de le sortir ce week-end au plus tard.

 

Donc c'est une remarque que je me suis faite suite à un débat concernant le canular lunaire (théorie du non-alunissage ou du truquage de la retransmission de l'alunissage), bon vieux truc sur lequel les gens se déchirent depuis presque 50 ans, et plus particulièrement depuis l'avènement d'internet. Je ne débattrai pas ici du sujet en lui-même, j'ai un avis assez ferme en faveur de l'alunissage réel avec retransmission non truquée, tout simplement parce que ce sont les mêmes arguments que je vois depuis 20 ans, rien de nouveau à part de temps en temps une nouvelle bizarrerie pas toujours facile à expliquer à première vue, exploitée par le dernier zouave qui a un docu à vendre sur le sujet (j'en ai bouffé, mais j'ai préféré utiliser mon argent autrement qu'à engraisser un potentiel millionnaire opportuniste, cette fois).

 

Que chacun défende sa vision des choses est naturel, que les débats puissent se hérisser un peu aussi, et que personne ne change d'avis est le standard des débats depuis la nuit des temps.

 

Par contre c'est amusant de constater, quand on navigue un peu entre deux eaux, même avec un avis assez ferme, et qu'on consulte les différentes sources, que les propos sont exactement les mêmes de chaque côté. Bon, il y a des variantes, mais uniquement dans le vocabulaire. Complotistes versus crédules, agents de la domination contre rebelles au cœur pur, agents Smith versus élus, et ça y va, et ça y va...

 

Je ne vais pas prétendre que je n'ai jamais versé dans ces travers (« que celui qui n'a jamais fauté me jette... etc. »). Par contre je trouve toujours un peu hilarant de me trouver au milieu de la mêlée (j'ai pas dit que la survolais non plus) de voir que chacun utilise les mêmes formules pour se hisser au dessus de l'autre.

 

Les « sceptiques/agents de la domination/financés par la NASA » : « Les complotistes qui croient aux reptiliens, ils se croient tellement intelligents que si on leur mettait toutes les preuves sous le nez, ils diraient encore qu'elles sont toutes trafiquées. On peut pas discuter avec ces fous. »

 

Les « complotistes/rebelles au cœur pur/esprits véritablement éclairés » : « Les autres, les crédules, les idiots utiles à la solde du gouvernement, ils se croient tellement intelligents que même si on leur montrait toutes les preuves qu'on a, ils diraient encore qu'on est cinglés et complètement à côté de la plaque. C'est même pas la peine de discuter avec ces idiots. »

 

Ai-je besoin d'en dire plus ?

 

Allez, j'me lâche un peu. Pilule rouge ou bleue, prendre une pilule, c'est toujours être drogué.

 

Qu'arrive-t-il à celui qui n'en choisit aucune ? C'est le faux dilemme de Matrix, film à grand spectacle décérébré plutôt bien foutu (quoique ça se discute), mais qu'on arrive de nos jours à faire passer pour un chef d’œuvre. Passe complètement à côté de son sujet, et d'ailleurs la meilleure preuve c'est que les gens n'en retiennent rien à part l'histoire de la pilule...

 

Donc je vais à mon tour exprimer mon idiotie, et dire ce que j'en pense façon bistrot : Les convaincus, qui s'enferment dans la certitude qui leur complaît, sont des gens dangereux, qui forment l'essentielle partie de la population mondiale, qui justifient mon agoraphobie et ma misanthropie tout en bloc par leur existence. Si vous n'aboutissez pas aux mêmes conclusions qu'eux à partir des mêmes éléments, c'est que vous êtes bouché. Je vous le dis tout net, pour moi, ces gens, tout imbus qu'ils soient du sentiment de leur intelligence et de la conviction de la débilité d'autrui (ceux qui pensent pas comme eux, c'est à dire pas comme ils devraient) sont enrôlables à volonté. Ils se choisissent un chef ou un totem, et ils s'en servent comme un prétexte à exprimer leur bellicosité. Il n'y pas non plus de différence perceptible entre ces gens et les SJW qui appliquent leur justice arbitrairement et parfois même au détriment de ceux dont ils sont supposés promouvoir les droits.

 

J'ai trouvé un exemple d'autant plus frappant qu'il se trouve dans le camp des sceptiques :

 

Vidéo youtube : Vled : Réponse à mon outing

 

Édifiant.

 

Alors maintenant, je tempère. J'rigole les gars. Je ne suis pas parfait, je n'ai pas toujours raison, je me trompe souvent, je suis souvent idiot et même parfois con puisqu'on est toujours celui de quelqu'un.

 

Par contre, je mets un point d'honneur à travailler mes sujets, à étudier les différents points de vue (sinon je ne passerai pas mon temps à confronter l'approche zététicienne avec des approches plus ouvertes) et en dégager, non pas un « juste milieu » (car le point de vue médian n'a pas de sens), non pas un non-choix qui navigue à vue entre deux possibilités, mais plutôt un point de vue équilibré qui, selon les cas, optera fermement pour l'option qui semble la plus juste et la plus vraisemblable, autrement dit, qui semble se rapprocher le plus du vrai, ou, dans les autres cas, s'abstiendra de choisir un camp, en gardant toujours à l'esprit qu'il y a potentiellement une 3e, 4e, 5e hypothèse, etc. qui pourrait mieux convenir.

 

Le plus drôle dans tout ça c'est quand on m'accuse, à cause de cette démarche, de je ne sais quelle tare mentale, d'un manque d'intelligence ou de courage. Comme si l'opinion avait un rapport quelconque avec le courage ou l'intelligence. Le courage, en matière d'opinion, confine le plus souvent à la bêtise, dans nos sociétés où personne n'interdit de penser (quoiqu'il demeure des sujets très compliqués à aborder, mais pas forcément ceux qu'on pense... par exemple les instincts humains, la sexualité, les paraphilies, les autres profondeurs plus ou moins sombres de la nature humaine, etc.). Et l'intelligence c'est toujours une question de point de vue... de l'opinion qu'on a sur soi (et donc sur autrui).

 

Vidéo dailymotion : Coluche : "L'intelligence tout le monde en a pas la même quantité mais tout le monde est sûr d'en avoir assez !"

 

Donc, quand un convaincu qui n'a pas confronté sérieusement (le plus souvent, pas du tout) les différents arguments, ou a choisi son « camp » en fonction d'une évidente préférence inconsciente me dit que je me complais dans un confort intellectuel parce que je ne me range pas à son opinion (qui ne saurait être que la bonne), j'ai du mal à ne pas m'esclaffer et ne pas me moquer de lui (puisque je deviens vite un con quand on me fatigue).

 

Je suis donc comme tout le monde. J'ai mes opinions, elles peuvent être fausses, biaisées, tronquées, c'est difficile de le savoir. D'où l'intérêt de la confrontation. Mais quand cette confrontation a lieu avec des gens qui essentialisent autrui par des préjugés réducteurs qui leur permettent d'être à l'aise dans leur ego, je ne vois que deux issues sages : claquer la porte ou cultiver un certain humour.

 

Mais, vraiment, et je sais bien que ça ne changera jamais, me faire insulter juste parce que j'ai un point de vue différent, ou un point de vue qui ne se range pas dans un camp ou dans une norme (aujourd'hui, être un rebelle est devenu une norme, comme mon instinct anti-conformiste l'a saisi depuis longtemps), je trouve ça usant.

 

C'est tout.

 

 

Ah ! Non, un tout dernier mot.

 

En lavant ma susceptibilité (et mon dégoût contenu de l'humain) en public sur mon blog, histoire de me souiller un peu, je voulais surtout dire que j'avais pris la ferme résolution, à l'avenir, de laisser aux vestiaires toutes mes considérations sur les sceptiques, les crédules, les complotistes, les naïfs, ouvrez et fermez les guillemets, et tous les autres trucs dans ce genre, juste parce que c'est devenu trop difficile pour moi de me cacher que ces catégories sont interchangeables suivant les circonstances et que je suis lassé d'explorer ces facettes à multiples rebonds. J'acte que ces travers sont au sein de chaque humain, y compris moi, et tant pis si certains s'enferment ou se laissent enfermer dans ces étiquettes (que ce soit par leur volonté, par leur bêtise, ou encore par leur sens de la provocation ou de l'auto-dérision).

 

Dorénavant, je veux aller de l'avant, me concentrer sur les sujets qui m'intéressent le plus (la bêtise humaine est fascinante, mais c'est avant tout sordide), d'autant que j'ai d'autres projets en attente (plus de nouvelles à venir).

 

Donc, il ne sera plus guère question désormais de propagande, de totalitarisme, de zététique, que pour venir colorer un peu mes autres sujets. Il me semble que j'en ai bien assez parlé, que la question du totalitarisme a suffisamment été mise en évidence avec les gilets jaunes, et que toutes ces choses doivent devenir des acquis et des outils pour aller plus loin. C'est donc, désormais, dans cette direction que je souhaite mener ce blog.

 

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Commentaires
S
Pour une fois, je vais me commenter moi-même, pour ne pas allonger l'article, et pour ne pas repartir dans un nouvel article sur ce sujet.<br /> <br /> <br /> <br /> Les échanges avec différentes personnes sur ce sujet, où chacun a plutôt tendance à défendre mordicus son opinion, m'ont montré que le reproche fait par ceux qui se sont rangés derrière une théorie contestataire à ceux qui ne les suivent pas, est que ces derniers se cacheraient dans une sécurité émotionnelle confortable pour éviter la dissonance cognitive, ce qui les rend utiles au système.<br /> <br /> <br /> <br /> A cela, je réponds qu'il est tout aussi confortable de se ranger dans un groupe de "rebelles" où tout le monde pense pareil : autre forme de sécurité émotionnelle.<br /> <br /> <br /> <br /> La priorité - c'est un argument qui revient tout le temps et un peu partout - serait de douter de tout et de tout contester par principe parce qu'on nous ment de toute façon tout le temps.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est vrai qu'on nous ment tout le temps. Mais ces personnes vont bien au-delà du doute : elles sautent aux conclusions, dès que quelque chose vient conforter leur envie de voir des manipulations partout, sécurité émotionnelle quand tu nous tiens.<br /> <br /> <br /> <br /> Cela n'aboutit qu'à remplacer des mensonges par d'autres mensonges, et des falsifications par d'autres falsifications. On tourne en rond, et du coup, la quête de vérité est autrement plus exigeante que de choisir un camp en fustigeant l'attitude mentale de l'autre camp qui serait essentiellement composé de lâches, de tarés et d'idiots (reste à savoir si il est vraiment important de dénicher la vérité sur tout, mais c'est une autre question). Idem pour ceux qui ne choisissent pas de camp et qui, donc, ne sont pas dans le nôtre.<br /> <br /> <br /> <br /> Le problème fondamental de cette façon de penser (qui est plus une façon de suivre une tendance que de réellement appliquer une pensée critique exigeante) est que cela participe, in fine, à la confusion.<br /> <br /> <br /> <br /> Ils disent que c'est le mensonge qui est recherché pour manipuler. Moi je crois plutôt que c'est la dissimulation qui permet de tout mettre sur un pied d'égalité, de tout rendre indiscernable, car la confusion permet de noyer l'information et de favoriser les théories qui vont dans tous les sens, pour boucher les trous du connu. Le fait qu'à mon avis, ce qui est avancé par les gouvernements et autres dominants soit un mélange plus ou moins savant, plus ou moins opportun et aussi plus ou moins malhabile de mensonges (puisqu'on en démasque la plupart) est autrement plus efficace pour perturber le jugement et le discernement qu'un simple flot continu de mensonges. Cela devrait alerter ceux qui se rangent invariablement et sans nuances derrière toutes les théories contestataires, quels que soient les arguments qui rendraient celles-ci apparemment impeccables.<br /> <br /> <br /> <br /> Choisir invariablement les théories contestataires n'est pas, d'après moi, la meilleure façon de faire. Un : pour sa santé mentale, car il est impossible que tout ne soit que mensonge, et que s'il peut être difficile d'accepter de changer d'opinion pour quelque chose d'apparemment plus dérangeant, il peut être encore plus difficile de revenir ensuite sur cela parce qu'en fin de compte, on s'était trompé mais on s'est tellement engagé dans cette voie qu'on ne peut plus le reconnaître. Deux : parce que cela favorise un jeu de division, au détriment du discernement, et que je crois que voilà plus justement le vrai but recherché.<br /> <br /> <br /> <br /> Ainsi, et c'est là que je rejoins ce qui se dit, il est certes capital de faire usage de faire son esprit critique et d'être apte à déjouer les manipulations, mais il est simpliste de n'y voir qu'un jeu unilatéral de mensonges. La mentalité qui sous-tend cette logique se trahit dans l'enfermement dans un camp qui désigne le camp adverse comme idiot, fou, méchant et/ou servile : cela s'appelle du manichéisme. Et c'est une bonne façon de préserver sa sécurité émotionnelle que de se situer d'autorité dans le camp des bons.
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